Moulin-du-Ruy

Les hameaux de « Roanne », « Herimont »  et « Moulin du Ruy »  Extrait de la carte Ferraris de 1777 (I.G.N. – www.ign.be)

Les hameaux de « Roanne », « Herimont » et « Moulin du Ruy »
Extrait de la carte Ferraris de 1777 (I.G.N. – www.ign.be)

Le pittoresque village de Moulin-du-Ruy (altitude 275 mètres au niveau de l’église) est situé au bord du ruisseau « Le Roannay » qui prend sa source à Francorchamps et se jette dans l’Amblève, en amont de La Gleize. Le village doit son nom à la présence d’un moulin banal, situé non loin du hameau de Ruy et déjà cité en 1381. Le moulin a été le premier bâtiment du village qui s’est formé principalement au 16e siècle. A cette époque, Moulin-du-Ruy faisait partie de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy et plus spécifiquement du ban de Roanne.

A la fin de l’Ancien Régime, le ban de Roanne est remplacé par deux communes : la commune de La Gleize (le village de La Gleize était le chef-lieu de l’ancien « bas-ban ») et la commune de Roanne (le village de Roanne était le chef-lieu de l’ancien « haut-ban »). La commune de Roanne comprend les hameaux suivants : Roanne (Rwène), Neuville (Noûvèye), Ruy (Ru), Chevrouheid (Tchèvroûhé), Exbomont (è G’bômont), Andrimont (Andrîmont), Cour (Coûr), Moustier (Moustî), Heilrimont (Hèrîmont), Moulin-du-Ruy (Molin-do-Ru) et Borgoumont (Borgoûmont).

Mais, cette nouvelle commune sera éphémère. En juillet 1795, la commune de Roanne est rattachée à la commune de La Gleize (cette année-là, il y avait 72 habitants à Moulin-du-Ruy, 59 à Heilrimont, 87 à Roanne et 50 à Exbomont). Cette situation administrative durera jusqu’en 1977, date de la fusion des communes. De nos jours, le village de Moulin-du-Ruy fait partie de la commune de Stoumont.

Carte postale : 1900 : le centre de Moulin-du-Ruy, à droite le presbytère construit vers 1890

Carte postale : 1900 : le centre de Moulin-du-Ruy, à droite le presbytère construit vers 1890


En 1800, un recensement du bétail pour l’ancien « haut-ban » de Roanne donne les chiffres suivants : 60 bœufs, 165 vaches, 146 veaux et génisses, 7 chevaux, 3 juments, 256 moutons, 32 cochons et 1 âne. Avec l’inauguration de l’école en 1863 (voir le chapitre sur l’école) et de l’église en 1877 (voir le chapitre sur l’église), Moulin-du-Ruy prendra le dessus sur les hameaux environnants et deviendra le village de référence de la vallée du Roannay. A cette époque, le village se compose principalement de fermettes chaulées avec colombages et les toitures sont recouvertes de chaume. Au fil du temps, les « Moulinois » délaisseront les cultures traditionnelles (seigle, épeautre, avoine, orge, froment, pommes de terre, lin et chanvre) au profit de la monoculture herbagère. La route qui traverse le village a été réalisée entre 1850 et 1867. C’est vers 1930 que Moulin-du-Ruy est raccordé au réseau électrique (voir le chapitre sur le moulin). Plusieurs conduites d’eau privées furent établies dès 1932 et une conduite commune fut réalisée en 1951.

De nos jours, l’habitat de Moulin-du-Ruy est devenu principalement résidentiel, néanmoins quelques fermes sont encore en activité dans les hameaux de l’ancien « haut-ban » roannais. Une épicerie, une salle de sport, quelques artisans et plusieurs gîtes de vacances complètent le tissu économique du village.

La paroisse

Carte postale : 1910 : l’église Saint-Eustache et à  droite une partie de la ferme Petitjean. Joseph Halconruy (le facteur), Ernestine Gabriel, Cyrille Gabriel, Joseph Mathieu, Roger Gilles

Carte postale : 1910 : l’église Saint-Eustache et à droite une partie de la ferme Petitjean.
Joseph Halconruy (le facteur), Ernestine Gabriel, Cyrille Gabriel, Joseph Mathieu, Roger Gilles


Au Moyen Age, on se trouve en présence d’une grande paroisse de Roanne (elle englobait les territoires de La Gleize, Stoumont et Francorchamps) et de deux églises : une à La Gleize (centre du « bas-ban ») consacrée à Notre-Dame de l’Assomption et une seconde située à Moustier, non loin de Roanne (centre du « haut-ban »), dédiée à Saint-Eustache. Au fil des siècles, plusieurs démembrements eurent lieu. En 1803, une nouvelle paroisse de Roanne voit le jour, elle correspond à l’actuelle paroisse de Moulin-du-Ruy (avec en plus Borgoumont qui sera rattaché à la Gleize après la Grande Guerre). A cette époque, les « Moulinois » allaient communier à l’église de Moustier. Vers 1850, l’édifice religieux, situé au milieu du cimetière de la paroisse, menaçait ruine. Les habitants des hameaux de Ruy, Moulin-du-Ruy et Andrimont souhaitaient une nouvelle église construite au centre de l’ancien « haut-ban ». Finalement, après d’âpres discussions entre les habitants des différents hameaux, l’évêque de Liège décida la construction d’une église au cœur du village de Moulin-du-Ruy. L’église, de style gothique, dédiée comme son ancêtre de Moustier à Saint-Eustache, fut inaugurée en 1877, néanmoins les offices y furent célébrés dès 1874. Un ouragan dévasta le clocher en 1929. En 1944, les Allemands enlevèrent deux des trois cloches. Il fallut attendre juin 1952 pour que les habitants les entendent à nouveau toutes sonner. De nos jours, la paroisse de Moulin-du-Ruy dépend de l’Unité Pastorale de Stoumont.

Parmi les anciens desservants de la paroisse, on peut citer :
H.M. Aubinet de 1803 à 1805 (le 1er curé), J. Wirard de 1805 à 1811, J. Falize de 1811 à 1825, J. Ratz de 1825 à 1864, J. Langenaeken de 1864 à 1875, J. Cremers de 1875 à 1884, J. Gerardy de 1884 à 1906, L. Gerardy de 1906 à 1916, J. Gerardy de 1916 à 1948, … Jamotte de 1948 à 1950, … Piron de 1950 à 1951, … Sevrin de 1951 à 1959, Wilfried Frateur de 1959 à …. , … Gillisjans de …. à …. , Jean-Luc Mayeres de …. à 2015, actuellement Colomban Niyonsaba (curé de l’Unité pastorale de Stoumont).

Carte postale : 1920 : l’école communale de Moulin-du-Ruy

Carte postale : 1920 : l’école communale de Moulin-du-Ruy

L’école

En 1826, l’instituteur J.J. Sépult enseigne à La Gleize et occasionnellement à Roanne. Deux années plus tard, l’école communale de Roanne est transférée au hameau de Heilrimont. En 1843, la commune vote la construction d’une nouvelle école et fixe son emplacement à Moulin-du-Ruy ; mais il faut attendre fin 1863 pour qu’elle soit meublée et occupée. Une école catholique, enseignée « Ecole Saint-Eustache » (d’abord mixte, puis uniquement pour jeunes filles), est ouverte en 1879 sous la tutelle du doyenné de Stavelot, car le gouvernement libéral de l’époque interdisait l’enseignement de la religion dans les écoles communales. En 1913, l’école communale est modernisée ; en 1921, cinquante-neuf élèves y suivent les cours et en février 1941, une seconde classe y est ouverte.

En 1951, trente-neuf élèves fréquentent l’école communale et trente-trois filles l’école catholique. En 1960, l’école catholique fusionne avec l’école communale ; cette année-là, douze filles fréquentaient l’école catholique et quarante élèves l’école communale. Après la fusion, les cours pour les trois classes inférieures se donneront dans le local de l’ancienne école catholique et les trois classes supérieures resteront dans les locaux de l’école communale.

En 1962, l’école communale est réaménagée de façon à regrouper les élèves sur un même site ; elle sera agrandie en 1967 (architecte Geenen et entreprise Midrez de Spa). En 2002, des nouveaux locaux sont inaugurés.

Parmi les enseignants, on peut citer :

Ecole Saint-Eustache : … Schoune de 1879 à …. , Maria Job, les Sœurs de Saint-Joseph de Trois-Ponts de 1908 à 1918, Marie Vieilvoye de 1918 à 1927, Alice Colard de 1927 à 1944 (elle est décède en décembre 1944, victime de l’Offensive des Ardennes), Hélène Dumont de 1945 à 1960.

Ecole communale : J.J. Sépult de 1826 à 1857, J. Crasson de 1857 à 1878, P. Pirard de 1878 à 1911, E. Gilles de 1911 à 1934, Antoine Bonmariage de 1934 à 1951, … Heynen de 1941 à 1944, Jean Maréchal de 1951 à 1980, Hélène Dumont de 1960 à 1979, … Burnotte de 1980 à 1993, Annick Depierreux de 1992 à 2008.

De nos jours, l’école communale est dirigée par Yvette Clesse-Orban, elle est aidée dans sa mission par Christine Gilkinet-Corbay et Carine Dumez-Vansteenkiste. Vingt-quatre élèves fréquentent deux classes primaires et dix élèves la classe maternelle.

Les commerces

Carte postale : 1890 : à droite la ferme-café André

Carte postale : 1890 : à droite la ferme-café André

Au siècle dernier, parmi les commerces moulinois, on peut citer : le café-salle-épicerie Georgin (devenu par après le café Burnay, puis le café-épicerie de Léa Bruyère), le café-salle de Joseph André, le café-menuiserie Roël, le café-épicerie Dewez (par la suite café-épicerie d’Anna Mathieu), le café-salle Mathieu, la boucherie d’Adolphe Lorent, la menuiserie Dumont (par après la brasserie Detrembleur), le garage Maréchal (ensuite le garage Schuind), le marchand de grains Robert Gaspard (de nos jours une salle de sports), … Un café-épicerie a aussi existé à Roanne, un restaurant à Ruy et l’hôtel du Mont des Brumes à Exbomont.

Le pouhon de Ruy

Un document de 1552 cite le « pouhon de Rhuy ». A la même époque, Gilbert Lymborch (un médecin liégeois), dans son ouvrage titré « Des fontaines acides de la forêt d’Ardenne … », parle de « la fontaine de Ruiz ». Le docteur Achille Poskin (un spécialiste des eaux minérales, médecin consultant aux eaux de Spa), dans sa nomenclature intitulée « Les sources minérales de Belgique » parue en 1888, la cite également parmi les sept fontaines minérales se trouvant autour de Stavelot. Aux siècles derniers, cette eau, naturellement gazeuse et ferrugineuse, servait d’eau alimentaire aux habitants des hameaux voisins. Le petit bâtiment de captage a été restauré en 1990.

Le moulin

La présence d’un moulin du ban de Roanne à Moulin-du-Ruy remonte au 14e siècle. L’assise du 1er moulin (â vî molin) semblerait, d’après des anciens documents, avoir été située au bord du ru de Cour (ru d’Coûr). Le premier tenancier connu s’appelait Goffin de Waismes, c’était en 1381. Le moulin aurait été déplacé par la suite le long du Roannay. Un document daté de 1529 parle du « mollin de Rhuy » alimenté par un biez du Roannai. Plusieurs meuniers ont occupé ce moulin ; parmi ceux-ci, on peut citer : J. le Meunier en 1544, la famille Cornet en 1571, Gilles de Rahier en 1654, Léonard Fanzé en 1706, la famille Depresseux (pendant plus d’un siècle) et J-H. Dewez au début du 20e siècle.

En 1916, Adolphe Lorent, charron de profession, homme entreprenant et progressiste, achète le moulin. Grâce à la force motrice de l’eau et via une turbine hydraulique, le meunier produisit dès 1917 de l’électricité qu’il stockait dans des batteries avant de la redistribuer aux villageois via une ligne en zinc. Le moulin arrêta de fonctionner vers 1950.

Carte postale : 1920 : le moulin banal de Moulin-du-Ruy

Carte postale : 1920 : le moulin banal de Moulin-du-Ruy


En 1812, un autre moulin a été construit par la famille Fontaine le long du Roannay, en aval du village de Moulin-du-Ruy. L’endroit fut dénommé Neuf-moulin (Noû molin). Le moulin fut détruit par un incendie à deux reprises : en 1830 et peu avant 1914. Il cessa de fonctionner après la Seconde Guerre. Le dernier meunier s’appelait Marcel Fontaine. Les bâtiments ont été reconvertis en centre de vacances.

La Vallonia

C’est en 1890 que fut fondée la société « La Vallonia » ; le bourgmestre de l’époque, J.F. Wérihay, devint le premier président. Le but initial de la société était la formation d’une chorale ; l’instituteur Schoune de l’école libre Saint-Eustache fut le premier directeur. Lors des spectacles organisés, les choristes occupaient souvent la première partie ; en deuxième partie, les acteurs locaux présentaient généralement une pièce de théâtre. Au fil des ans, la chorale, faute de directeur, disparut. Parmi les régisseurs de la section théâtrale, on peut citer : Gaston Dussart, Antoine Bonmariage, Jean Maréchal, Albert Dewez, … En 1953, la société devient la « Royale Vallonia ». Depuis quelques années, elle ne présente plus de pièces de théâtre ; néanmoins, elle organise chaque année plusieurs manifestations : souper choucroute, grand feu, marche Adeps, la kermesse et la fête de la pomme, … Initialement, les membres de « La Vallonia » se réunissaient dans la salle du café Georgin qui se situait en face de l’école catholique Saint-Eustache. La salle actuelle, sise au début de la route d’Exbomont, a été construite par la jeunesse locale en 1936.

Carte postale : 1900 : à gauche le café-salle Georgin et à droite l’école catholique Saint-Eustache

Carte postale : 1900 : à gauche le café-salle Georgin et à droite l’école catholique Saint-Eustache


La fête de la pomme

La kermesse locale se déroule toujours début octobre. Depuis 2003, en même temps que la fête du village, est organisée la fête de la pomme. En 2008, un verger d’espèce ancienne de pommiers, poiriers et autres arbres fruitiers a été planté à Moulin-du-Ruy. Il fait la part belle aux « Belle Fleur », « Large Mouche » et « Reinette Etoilée », des variétés de pommes qui garnissaient, il y a quelques dizaines d’années, les vergers régionaux. A l’époque, presque toutes les maisons étaient entourées d’une prairie plantée d’arbres fruitiers. Les bonnes années, à l’automne, les branches de ces fruitiers pliaient sous le poids d’une récolte abondante !

Jean Lecampinaire
Sources :
Lu Gléhe Do Timps d’Nos Vîs Parints (Thierry Schmitz – 1983)
La Gleize ancien ban de Roanne (Serge Fontaine – 1972)
Le parler de La Gleize (Louis Remacle – 1937)
Ecoles de Moulin-du-Ruy (Hélène Dumont – 2009)
Moulin-du-Ruy (Hélène Dumont – 2003)
Pouhons connus et méconnus de notre région (H.A.S. – Alex Doms – 2009)
M. et Mme Jacquy Dohogne-Cordonnier
M. Pol Mersch www.lavallonia.be


Commentaire

Moulin-du-Ruy — 3 commentaires

  1. Boujour

    je réalise l’arbre généalogique des CRASSON.
    L’instituteur noté « J. CRASSON de 1957 à 1878 » est bien Adolphe Jean Hubert CRASSON né en 1836 à La Gleize ?

    Bien à vous

    Jean Marc

    • Bonjour,
      Voici la réponse de l’auteur, M Lecampinaire :
       » Ma source pour l’article (le livre de Serge Fontaine  » Histoire et histoires – La Gleize – ancien ban de Roanne ») donne comme info: Crasson J.
      Mais, il était fréquent à l’époque d’être connu via le 2e ou même le 3e prénom ! »
      Bonne journée.
      Eric PALLA

  2. Mon père a été acteur de théâtre sous Mr Bonmariage Mr Maréchal Mr Dewez
    Je pense qu’il fut un acteur sensible et bourru de la Vallonia
    N’oublions pas que ma grand mère a cousu les rideaux de la scène de la Vallonia en son temps

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