André Stas, représentant majeur du surréalisme wallon est décédé

Né à Liège le 19 novembre 1949, mais spadois depuis 30 ans, André Stas nous a quitté fin avril. C’était un représentant majeur du surréalisme wallon. Subversif, maître de l’absurdisme, « grand jardinier du paradoxe et du mensonge universel », pataphysicien notoire, il était un collagiste (autodidacte) internationalement reconnu, doublé d’un redoutable humoriste. Il a fait partie, pendant plus de vingt ans, de l’équipe du mythique Cirque Divers. Il a également animé le Musée d’Art Différencié (MAD), où il s’était attaché à mettre en valeur l’expression plastique de personnes souffrant de handicap mental. Pataphysicien, collagiste, surréaliste certes, mais aussi écrivain, poète, aphorismophile, verbicruciste et, en fait, pratiquant toutes les facettes de l’art de fourrer ses doigts taquins dans les trous de nez de la littérature.

Hommage de son éditeur spadois :
Dédé Stas, mon « papou », mon vice-amiral… Que dire ? Moi qui ne suis ni écrivain, ni artiste, juste ton ami, ton galopin et sans doute le moins professionnel de tes éditeurs! Si je commençais par notre rencontre ? Je me souviens d’un « gnome », avec chapeau et Perfecto venant, en tout anonymat, il y a un peu plus d’un quart de siècle, faire des photocopies dans ma librairie. Des copies d’illustrations bizarres, une collection de chaises et de fauteuils plus farfelus les uns que les autres. Ma curiosité prenant le pas sur ta discrétion, je t’ai abordé et questionné sur la chose. Tu m’as expliqué ton art du collage, avec passion, éveillant grandement mon intérêt. Le doigt mutuellement dans l’engrenage, nos rencontres et discussions se sont multipliées et une amitié indéfectible est née. Tu m’as fait découvrir tellement de choses délirantes, tellement d’artistes remarquables. Ton intelligence, ta culture, ta folie, ton génie et ton humour ravageur ont toujours fait mon admiration. Et puis, un jour, pour rendre hommage à Loïc, mon fils, qui avait écrit une bien jolie nouvelle, j’ai édité une petite brochure. Emballé par la chose, tu m’as dit « Je viens de terminer un tapuscrit, je cherche un éditeur. Est-ce que l’aventure te tente ? ». Mais il est fou, lui ?, ai-je pensé, tout en n’hésitant pas une seconde à te dire oui. « Le grand Karmaval » a fini second au Grand Prix de l’Humour noir cette année-là et les éditions Galopin étaient nées. Quelle aventure !

S’en sont suivis plusieurs titres et d’autres auteurs remarquables que tu m’as permis de rencontrer, tels Franz Bartelt, Yak Rivais, Théophile de Giraud, etc. et un petit journal insane et impertinent à parution aléatoire, « Le petit Galopin ». Que de belles rencontres, de collaborations, toutes ces années, grâce à toi, que de passions, de rires, de délires et de découvertes.


Sans toi, l’amiral Galopin n’existerait pas ! Je ne parlerai pas de toi, l’immense artiste, je ne pense pas avoir les compétences nécessaires. Mais une chose est certaine, je suis absolument conquis par ton univers et tes délires. Tous ceux qui ont la chance de te connaître savent ton génie absolu, Monsieur le Stas académicien.

Tu es des amis que je peux compter sur les doigts d’une seule main, mon papou. Outre ta folie, ta gentillesse était connue de tous. Jamais je n’aurais imaginé que ce haggis que tu adorais et que nous avons partagé à la maison quelques jours avant ton départ en ambulance serait notre dernier rendez-vous. Tu trépignais d’impatience, ce jour-là, à recevoir ton dernier ouvrage où Jean-Philippe Querton m’a fait l’honneur de pouvoir rédiger deux pages sur notre amitié et pour te rendre hommage. Tu as pu, heureusement et avec grand bonheur, le découvrir à temps !
J’espérais avoir ta merveilleuse compagnie encore de nombreuses années. J’aurais espéré te faire découvrir mon Portugal ; tu en avais envie, mais la maladie t’en a empêché. Tu vas me manquer mon papou, tu vas nous manquer !

À un jour peut-être, quelque part, mon ami. « Des bises », comme tu m’écrivais souvent.

Marc Thomée


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