Patrimoine en péril : les grilles du Parc de 4 Heures menacent de s’effondrer !

Photo : E Palla 2017

Photo : E Palla 2017

Les grilles du Parc de 4 Heures sont dans un triste état et certains éléments des colonnes de pierre risquent de s’écrouler. Ces grilles reprises dans l’inventaire du patrimoine architectural de Spa ont pourtant toute une histoire puisqu’elles constituaient à l’origine l’entrée des jardins du casino. Il serait grand temps que la ville intervienne avant qu’il ne soit trop tard !

Le parc de 4 Heures (privé) est ce qui subsiste du parc de la Villa Haute Roche dont la façade se trouvait rue du Marché. Elle avait été acquise à la fin du 19e siècle par Josse Gihoul, un homme d’affaires, créateur du quartier résidentiel de Balmoral. Il fit bâtir la conciergerie en brique rouge ainsi qu’un mur décoratif orné de créneaux, terminés par deux tours portant des armoiries (une seule existe encore). En 1924, le nouveau propriétaire du domaine de la Haute Roche achète les grilles à la Ville de Spa pour fermer sa propriété.

Comme nous l’avons dit, ces grilles donnaient accès au jardin du casino et au kursaal. Au début du XXe siècle, de grands travaux sont entrepris dans le centre de Spa. L’Architecte Alban Chambon réalise un vaste projet d’aménagement en démolissant la façade de la Redoute (casino), l’hôtel d’Orange et les magasins de la rue Royale, de même que les maisons de la rue Léopold qui à l’époque descendait jusque la rue Royale. Il construit la nouvelle façade du casino rue Royale et les façades donnant sur le jardin. En 1908, le kursaal est édifié en 7 mois. Les jardins et les bâtiments sont entourés d’une grille. On y accédait par deux entrées monumentales. Celle de la rue Servais donne sur la cour d’honneur. Actuellement, on peut encore en voir les colonnes. L’autre (celle qui occupe actuellement l’entrée du parc de 4 Heures) se situait à côté de l’établissement des Bains.
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Après la guerre, suite à l’incendie en 1917 des salles du 18e siècle, les architectes Marcel Paës et Marcel Hansen réaménagent l’ensemble des bâtiments en construisant les salons rose et bleu et le petit théâtre. Ils décident d’ouvrir les jardins du casino à tous et donc de supprimer les grilles et l’entrée monumentale de la rue Royale. Le collège de la ville de Spa cherche sans succès à les vendre à l’Etat pour clôturer la cour du palais de la nation (Parlement). Il demande ensuite l’avis de la société Spa Attractions et de l’architecte Marcel Hansen sur l’intérêt au point de vue de l’esthétique de placer l’ancienne grille à l’entrée du parc de Sept Heures. Spa Attractions est favorable mais l’architecte Hansen s’y oppose et souhaite également que l’on enlève les grilles du parc.

dessingrilleLe 29 avril 1924, le conseil communal, présidé par le baron Joseph de Crawhez (bourgmestre), décide à l’unanimité de « vendre à M. Bailly-Sauveur, propriétaire de la Villa Haute Roche, la porte-grille monumentale di casino comprenant une grande porte, deux petites et les montants en pierre de taille, pour la somme de six mille francs, à charge, pour l’acquéreur, de faire prendre à ses frais les matériaux en question au casino et de reconstruire cette grille monumentale à l’entrée de sa propriété place du Perron étant bien entendu que le conseil communal consent à cette acquisition de gré à gré dans le but exclusivement de conserver indéfiniment la dite grille à Spa et de la faire servir à l’embellissement de la place du Perron ».

La condition de vente par la Ville de Spa était claire « conserver indéfiniment la grille ». Pour atteindre cet objectif, il faudrait que la Ville accepte la cession de la grille et puisse obtenir des subsides pour procéder à sa restauration. Il est temps d’agir, des blocs de pierre de taille se descellent (le pilier de droite), des pierres de taille sont fendues et les grilles sont dans un très mauvais état.

Pol Jehin

Cet article a été rédigé à partir de :
J. Toussaint « A propos des grilles monumentales du Parc de 4 Heures »
« ça ne mène nulle part » publié dans Histoire et Archéologie spadoises n°123 septembre 2005 pp 125-133.


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