Les ruisseaux de Spa – Toponymie et hydrographie

La région de Spa, au relief accidenté, est traversée par de nombreux ruisseaux sur lesquels, au XVIe siécle se sont établies plusieurs forges qui y trouvaient la force motrice pour leurs « makas ».

Le ruisseau appelé le Wayai [wayê],qui coulait autrefois à ciel ouvert, était enjambé par plusieurs ponts (ce dont témoigne aujourd’hui le nom de la rue « Entre-les-Ponts).

Il a été voûté dans sa traversée de Spa dans la deuxième moitié du 19eme siècle et déjà partiellement antérieurement, de même que deux de ses affluents, le ruisseau de Barisart et le ruisseau de la Picherotte.

Nous allons reprendre les noms actuels et anciens du Wayai et de ses affluents, ainsi que leur étymologie, en nous aidant des données fournies par la Toponymie de Spa de M.J.Antoine ,et cela en allant d’amont en aval.

ruisseauxspa

1. Le WAYAI [wayê].

Ce nom vient de wayi qui, d’après M.Antoine signifie patauger. A cette définition de ce verbe wallon, nous préférons le sens de « passer à gué », donné par le Dictionnaire liégeois de Jean Haust [du latin vadere].A notre avis, le nom vient du gué traversant autrefois le ruisseau [au pont de Stavelot] ,en aval du hameau de Wayai, sur le grand chemin allant de Limbourg à Luxembourg et passant par Tiège et Malchamps. Le village a pris le nom du ruisseau [comme Ortho et Ortheuville près de l’Ourthe]

Attestations anciennes: le ruy de wayaulx [1600], Weaux [1663] et parfois simplement lu grande êwe : un preit à ry de Creppe jondant alle grande êwe [1467].

2. LE SOYEUREUX.

[cadastre:lu swè ru de swèr = acide. Parfois prononcé sous sa forme francisée soyeû ru]. Ce ruisseau forme la limite entre les communes de Sart et de Spa : « le ruisseau séparatoir des deux bans appelé soir rieu en Niveseit [1719].

3. LE RUISSEAU DE LA SAUVENIERE [ru del sâv’nîre]

1581 : en ry delle Salvenier [= Sablonnière]. Aussi appelé ruisseau d’orléans car, lors de la cure que fit à la Sauveniere la duchesse en 1787, ses enfants, sous la direction de leur gouvernante, Mme de Genlis aménagèrent la promenade le long du ruisseau; la duchesse fit élever un monument en marbre blanc rappelant les bienfaits de sa cure et l’initiative de ses enfants. Détruit en 1792 il fut rétabli en 1841. [Voir Albin Body : Les d’Orléans à Spa, Liège 1887].

4. LA PICHEROTTE [lu pih’rote]

Toponyme très commun, désignant un ruisseau peu important. Cependant, ce ruisseau était très important pour les manants de Spa car il alimentait en eau le moulin banal, aujourd’hui disparu [1]. Comme le ruisseau traversait le vinâve du Bohy [2][d’un radical -bosk -ou buxariu, buissier] , il est aussi connu sous le nom de ry de bohy [1462] I jornal marchissant [=près] a val le ry de bohy et a dela del herdavoie [chemin de la herde] desoz le tier del roche [1479 ;ru de bouxhi 1510] 1575 maison jondant tant a bied de mollin comme a rye de bohy.

Il fournissait aussi l’eau à la fontaine du bohy. Comme une promenade pittoresque a été créée en 1849 le long de la partie supérieure du ruisseau, on lui donne en cet endroit le nom plus poétique de « ruisseau des artistes ». On trouve aussi en 164O le rieu de troz de belle heid.

5. LE RUISSEAU DE BARISART.[ru d’Barisart]

ou du Vieux Spa [cadastre -ru dè vî Spa]. Il a dû autrefois porter le nom de Mambaye [Mâbaye] ,car la finale de ce nom correspond au germ. Baki [all. Bach] ruisseau. Il est formé par la réunion à Hoctaisart [3] de deux ruisseaux, le long desquels se trouvent respectivement la « promenade des Chèvrefeuilles » et la promenade « Meyerbeer » créée en 1860 entre Barisart et la Géronstére. Ce dernier ruisseau porte le nom de ruisseau du pendu [ru dè pindou]. L’autre ruisseau est aussi désigné en 1573 sous le nom de ry dèl loffrettefosse [4]. Aussi ru de Malpa : hocteausart poindant a reux de malpa attestations anciennes : eawe de manbaye [1578]; el putit mambay [1473]; un col [coup] d’eawe pris a l’eawe condist les manbaies [1517] ; en menbaille [1512]

6. LE RUISSEAU DE CREPPE [Ru d’Crèpe]

Il se jette dans le Wayai près de l’école d’Hôtellerie [Feuillée Jean d’Ardenne].

1455 le riwe de Creppe ;1471 fornea en ry de Crepe.

7. L’EAU ROUGE. [lu rodje êwe]

ou ruisseau de Winanplanche. Ce ruisseau se jette dans le Wayai à marteau. Eawe de Winanplanche [1428].Il s’est appelé aussi ruisseau de parfondrieux [parfond=fr. profond]:les bois commençant à la voie de Stoumont et le ruisseau de parfondrieux [1665] – Parfonrieux [1675].

Il reçoit au sud du Manoir de Lébiolle [5] le ruisseau très encaissé, du fond de Creppe ou de ToliFaz [6] dans lequel se jette un ruisseau coulant sud-nord, appelé sur les cartes ruisseau du Renard. Sur l’Eau Rouge au sud de Winanplanche,se trouve la cascade de HaldeboeuF [7].Avant Marteau, l’ Eau rouge reçoit enfin le ruisseau de l’Ermitry [vièrmitrî ou djermitrî] : in fon de l’ermietrie [1578];

chemin de l’hermittrie [1579] : hermiterie = vieille forme de ermitage. Aussi appelé ru de Hencipré : ry de hencinpreit [1575].

On voit mentionner en 1578 que le thier de Hencinpreit se trouve près du chemin allant de Spa à Winanplanche.

8. RU DE CHAVI0N. [ru d’tchavion]

preit extant en chavilhon[1599] ; rieu de chawion [1720]. Dérive de tchaver [arch. creuser , lat cavare].

Léon Marquet.




[1] Voir G.E.Jacob : Rues et promenades de Spa [Brux. 1983] pp 28-35 et P.BERTHOLET : Moulins banaux du ban de Spa dans Histoire et Archéologie Spadoises déc. 78 mars 79.

[2] le vinave du Bohy était le quartier de la rue Xhrouet actuelle et la rue Sauvenière. [Voir G.E.JACOB : op.cit p.59-63].

[3] Hoctaisart : près du château d’Alsa. Hocteasart [1469] hoqueteausart [1510] .De hoktê [petit tas]. Le gué de Hoctaisart [weis de hoctaisair -1436] traverse le ruisseau au chemin de Creppe à Barisart.

[4] Le lieu-dit al lovrédje fosse se situe au sud-ouest du gué de Hoctaisart : aIle loffretfosse [1573] ; Louvrettefosse [1719] dérivé de loup ,mais a sans doute subi l’influence de ovrèdje [ouvrage].Un peu plus au sud l.d. al ifosse dè leû : alle fosde leux. Endroit où il y a eu un piège à loup.

[5] Lébiole [lee biole] de lee [latus] large et biole [bouleau] en la lebeolle [1514].

[6] Tolifaz : tolifais [1454],tolifau [1513] ; tolifaulx [1514] ; thollifault [1575]. peut-être « tout lui fault = tout lui manque » pour désigner un endroit marécageux ,peu fertile.

[7] Haldeboeuf :haldeboeuf [1595;haldebuff [1610] : peut-être halte du boeuf ,endroit où la herde se reposait


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