Le petit édicule de forme circulaire couvert d’une coupole qui est figuré sur la vue de Spa de 1559, et qu’on appelait le Hornê fut, vers 1570, remplacé par un petit bâtiment carré orné à chaque angle de colonnes d’ordre toscan. Il était entouré d’un mur bas sur lequel s’asseyaient les buveurs (Voir la gravure de la page 28 du N° de Réalités de Novembre 1986 n°49)
Vint ensuite la construction surmontée d’un fronton triangulaire portant les armoiries du Prince-Evêque de Liège qui a été dessinée vers 1651 par Van Everdingen. Comme nous l’avons vu, elle était surmontée d’une grande statue de Saint Remacle (Réalités n°50 P.25).
Une nouvelle niche de style analogue fut construite en l656.Au centre du fronton triangulaire se voyaient les armes du prince évêque Maximilien de Bavière (1650-1688 avec la devise Pietate et sapientia). Un chronogramme en latin inscrit sur le fronton rappelait les vertus de l’eau du Pouhon qui « lève les obstructions, divise les matières endurcies, dessèche l’humidité, fortifie les parties affaiblies, pourvu qu’on en boive avec règle et mesure ».
Cet édifice, représenté sur de très nombreux dessins gravures ou bois de Spa, subsista jusque en 1819-1820. L’auteur anonyme des premiers amusements des Eaux de Spa (1733) trouvait que ce bâtiment ne ressemblait pas mal aux petites chapelles qu’on trouve le long des grands chemins du Brabant. Cette niche, grâce à Albin Body, a été choisie pour figurer dans les armoiries communales de Spa. Aux XVIIe et XVIIIe S., on apposait sur les bouteilles d’eau minérale exportées au loin une marque avec un dessin semblable et la devise du Pouhon.
En 1675,on y ajouta une inscription indiquant le niveau atteint sur la place de Spa par, les eaux du wayai, qui souvent provoquait des inondations désastreuses. En 1692, on rappela de même un tremblement de terre grâce auquel la source était devenue plus abondante et plus forte en goût.
En 1700, le Magistrat, soucieux du confort des étrangers, fit construire à côté de la fontaine un bâtiment destiné à accueillir les buveurs d’eau et dans lequel on entretenait du feu ; en effet, la fréquentation des fontaines se faisait très tôt, quand il faisait encore froid, surtout par temps pluvieux ou couvert. C’est au-dessus de la porte d’entrée de ce bâtiment annexe, qui d’après un témoin du temps ressemblait assez à l’église d’un couvent, que fut placé en 1718 le médaillon en albâtre offert par le Czar Pierre-Le-Grand et qui portait ses armoiries, ainsi que la tablette en marbre noir rappelant qu’en 1717 grâce aux eaux de Spa, il avait recouvré la santé. Comme l’écrit G-E Jacob, (P. 293) cette tablette de marbre fut brisée en 1878 et remplacée par une plaque de bronze reproduisant l’inscription du monument original. L’encadrement en marbre de celui-ci a été utilisé pour élever, en 1900, à l’initiative de la société Spa- Attractions, un monument dédié aux créateurs des promenades spadoises érigé au flanc de la montagne dans le Parc de Sept-Heures.
Pour mieux supporter le goût de l’eau du Pouhon, beaucoup de buveurs prenaient des anis, du carvi, du coriandre ou des écorces d’orange confites contenues dans des bergamotes décorées. On peut en voir des exemplaires dans une vitrine du Musée de la Ville d’Eaux, de même qu’un cadran d’ivoire muni d’une aiguille servant à marquer le nombre de verres bus (voir L. Marquet : A l’âge d’or de Spa, P.37-38).
Spa connut une période difficile après la révolution marasme aggravé par un grave incendie qui éclata en août 1807 et qui réduisit en cendres deux cents maisons.
Après 1815, les saisons redevinrent prospères. La ville reçut notamment la visite du prince d’Orange (plus tard Guillaume Il des Pays-Bas). Celui-ci fit don à la ville d’une somme de 250.000 florins pour élever un nouveau monument au Pouhon. Achevé en 1820, il consistait en un édifice orné de 18 colonnes d’ordre toscan et portant sur la façade « A la mémoire de Pierre-Le-Grand ». Un buste du czar, offert par le prince Damidoff, y fut placé en 1856. La salle située à l’étage de ce bâtiment était destinée aux étrangers qui venaient prendre les eaux, mais abrita quelque temps (en 1849) l’Ecole commerciale et industrielle, puis l’Ecole de musique et de dessin et même le culte évangélique. On y installa aussi des expositions de peinture.
Le monument actuel du Pouhon-Pierre-Le-Grand, composé d’une buvette installée dans un pavillon octogonal accosté d’une grande salle qui fut longtemps un jardin d’hiver fréquenté pendant la saison, fut inauguré le 4 juillet 1880.
A l’origine existait un promenoir extérieur couvert (rue du Marché et rue Général Bertrand) avec côté rue du Marché, une demi rotonde vitrée métallique dans laquelle un orchestre donnait des auditions. Elle fut démolie en 1948. Cette rotonde disparue avait été édifiée à l’emplacement de l’hôtel de ville construit en 1771 et qui remplaçait l’ancienne halle. Démoli en l877, ce bâtiment de style Louis XVI était l’œuvre de l’architecte liégeois Jacques-Barthélemy Renoz, à qui l’on doit aussi le Waux-Hall de Spa, construit un an plus tôt. Une vue représentant cet hôtel de ville avait été réalisée par trois peintres spadois, MM Edgard Huls, Louis Decerf et julien Cerf d’après une gravure de l’époque sur le pignon du bâtiment adossé à celui qui, à partir de 1841, avait abrité les services communaux après avoir servi de maison de bains de 1827 à 1841 (Place de l’hôtel de ville).
Le fameux Livre d’Or dû au peintre Antoine Fontaine, représentant les hôtes illustres venus à Spa au cours des siècles, fut placé dans la grande salle après 1894.
Quant aux palmiers du jardin d’hiver, ils ne résistèrent pas aux hivers de 1941-45 faute de chauffage.
Après la démolition de l’ancienne église en 1883, le culte fut célébré quelque temps dans la jardin d’hiver en attendant la construction d’une église provisoire rue Louise [actuelle rue de la Poste). Pour construire ce bâtiment, qui servit ensuite d’Ecole des Beaux-Arts, on avait utilisé dans la façade quatre colonnes du Pouhon de 1820. Elles ornent actuellement le fond du Parc de Sept-Heures.
Ajoutons qu’autrefois, l’eau minérale était puisée au moyen d’une longue perche munie de supports pour les verres, et qu’on plongeait dans la source située en contrebas.
Vers 1900, il était de bon ton de déguster l’eau du Pouhon en se servant d’un chalumeau de verre. Le motif était que l’eau attaquait l’émail des dents !
Léon Marquet.
Bonjour,
Concernant la façade du Pouhon, je dispose d’une carte postale (bleutée) avec les 5 marches et sans toutes les décorations extérieures.
Je n’ai trouvé aucune information concernant ce sujet tel que la date du changement de la façade et pourquoi une aussi grande modification dans l’aspect de l’ensemble architecturale. Quelqu’un dispose t-il d’autres cartes postales de la façade avant la transformation.
Très cordialement
Daniel Goffart (ex magasin Le Bobelin)