Les crèches de Noël

La dévotion à la Nativité du Christ remonte aux premiers temps des Chrétiens et tout au long des siècles, elle revêtit des formes et des aspects multiples.

D’une part, elle fut très tôt l’occasion de pèlerinages à Bethléem dans la grotte supposée être le lieu de la naissance, et aussi de l’installation un peu partout, en pays chrétiens, de grotte de Bethléem comme ce fut le cas des grottes de Lourdes au début de notre siècle. Dans certaines églises de Rome, on avait pris l’habitude d’exposer des crèches fort précieuses, garnies d’or et d’argent.
D’autre part, parallèlement à ces coutumes , cette dévotion prit la forme de représentations. La messe de Noël (nous dirions la Messe de Minuit) vit de bonne heure sa liturgie se développer par l’introduction de textes divers et de cantiques dont certains constituaient un dialogue chanté entre le célébrant et les fidèles d’une part, et les chantres de l’autre, dans le genre des chœurs de la tragédie grecque. L’importance de ces œuvres variaient à l’infini selon les lieux, les habitudes et les moyens matériels dont disposaient les communautés de fidèles.

Dès le 11e siècle, des jeux liturgiques de la Nativité sont présentés dans les églises; ils ont l’autel pour centre, en conformité avec l’idée que cet autel est la véritable crèche car c’est là que le Christ est présent dans le pain et le vin consacrés.

Un siècle plus tard, ces jeux liturgiques émigrèrent vers le portail des églises qui s’y prêtaient mieux, compte tenu de l’ampleur qu’ils prenaient. Au fil du temps, ils dégénérèrent et ils furent alors supprimés. Plus tard, la représentation prit la forme de pastorale ou de crèches parlantes, jeux scéniques populaires donnés devant les crèches de plus en plus nombreuses dès le début du 13ième siècle, grâce à l’initiative de Saint François d’Assise, en Italie , et à la propagation de l’ordre des Franciscains.
Très vite, cette nouvelle façon d’illustrer le Mystère de Noël fut adopté par l’Église tout entière qui la répandit à travers tous les pays de la chrétienté où elle s’intégra progressivement dans chaque culture et dans chaque tradition, reflétant toujours la sensibilité et l’expression directe de l’art populaire.

Dans le courant du 15ième siècle, notamment en Italie et dans les régions voisines, certaines crèches atteignent de très vastes proportions par la décoration d’inspiration biblique qui les entoure. Plusieurs d’entre elles deviendront permanentes dans les églises et subsisteront jusqu’à nos jours. Une très célèbre est celle de l’église des Cordeliers au centre de Fribourg en Suisse.


Par ailleurs, de par le monde entier, d’innombrables artistes (sculpteurs, dessinateurs, peintres, etc… ) réaliseront de véritables chefs-d’œuvre.
Plus près de nous, dès le début des années 60, bien des crèches évolueront dans le sens d’un dépouillement extrême allant parfois jusqu’à l’abstraction, cela sous le prétexte de conduire le regard intérieur à l’essentiel du Mystère de la Nativité.
Mais, comme dans d’autres domaines, tant de siècles d’art et de culture, de tradition et de sensibilité populaire se doivent de ne pas disparaître à jamais. Beaucoup l’ont compris et de nos jours, au seuil de la nouvelle Europe de 1992, la tendance s’oriente, à nouveau vers les formes traditionnelles propres à chacune de nos régions.

Chez nous, à Spa, grâce à l’initiative et à la collaboration de nombreux habitants de certains quartiers, nous aurons à nouveau l’occasion cette année de découvrir et d’admirer différentes réalisations de crèches.

Il n’est pas inutile de signaler, par ailleurs, que depuis près de 20 ans, de magnifiques et importantes expositions de crèches du monde entier se tiennent chaque année non loin de chez nous, près de la frontière allemande.

André Bouchoms.


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