Jean-Luc Seret mai 2016
Octobre 1944, début de mon cauchemar
Les soldats américains sont dans mon village natal de Bütgenbach dans les Cantons de l’est. Le deuxième week-end, le 9 octobre, c’est la kermesse au village. Les Allemands préparent l’offensive des Ardennes. On reçoit un ordre d’évacuation. On nous dit que c’est pour un court moment. Il faut prendre un minimum avec nous, c’est-à-dire une couverture, du pain, des couverts. Maman se charge d’une valise avec ce qui lui tient à cœur, entre autres des photos. Mon frère qui a 16 ans demande l’autorisation de rester pour s’occuper des bêtes de la ferme. On lui refuse. Une voisine est désignée à sa place. Mon grand-père qui a 84 ans, impotent, doit rester. Les Américains disent qu’ils viendront le chercher pour l’installer au couvent chez les religieuses de St-Vincent de Paul. On doit se rassembler dans la cour de l’école pour que les militaires nous emmènent. Mais il y a trop peu de moyens de transport. On nous dit de rentrer chez nous jusqu’au lendemain. Horreur! A notre retour, notre grand-père est toujours présent. Il pleure et nous aussi. Le lendemain, c’est l’évacuation pour les habitants qui restent dans le village. On nous emmène à la caserne de Malmedy où nous passons une première nuit. Le lendemain (10 ou 11 octobre), on nous réembarque dans des camions militaires pour aller dans un couvent de Grand-Halleux. On y reste trois semaines.
Réfugiés à Grand-Halleux
Nous recevons le matin une tranche de pain d’environ deux cm et du soi-disant potage. Mais ce sont des légumes mal lavés. On a faim. C’est la guerre et l’anarchie. L’armée blanche et des ouvriers russes qui travaillent dans les fermes sont là pour nous superviser. Ils sont libres. Un wallon, travailleur de force dans les Cantons de l’est annexés, est venu construire une maison pendant la guerre. Maman lui donnait du pain. Ils se sont reconnus. A son tour, il nous a apporté de bonnes tartines. Plusieurs familles du village étaient présentes avec nous. C’est la première fois que je dors dans des lits superposés.
Réfugiés à Kaiserbaracke
Après trois semaines, on vient nous charger dans des camions de l’armée américaine. Au lieu de nous reconduire dans notre village à Bütgenbach, on nous décharge pour la nuit à Born dans l’école du village. On est abandonné à nous-mêmes. La maman d’un garçon de 3 ans, originaire de Kaiserbaracke, suggère d’aller à pied dans sa maison et ferme maternelle. (de Born à Kaiserbaracke environ 3 km). On y arrive et on y trouve du bon lait de ferme, du pain et des voisins. Forcément, c’est la guerre et les Américains nous ont perdus de vue. Nous restons à la ferme mais les Américains sont partout. Un régiment de noirs, les premiers que je vois dans ma vie ! Je suis impressionnée. L’eau potable se trouve chez un voisin en face. Il y a un puits mais l’eau est impropre à la consommation. Les bêtes sont dans l’étable. On doit les détacher deux fois dans la journée, le matin et le soir et les conduire plus loin à une autre ferme où se trouve un abreuvoir d’eau courante. Les soldats noirs sont sympas et nous apprennent des chants américains comme: « you are my sunshine ». Un soldat noir me montre un chapelet qu’il porte autour du cou. Je ne sais plus combien de temps les Américains sont restés. Les Allemands les repoussent, c’est la guerre et les combats entre les deux ennemis. On doit passer les nuits dans les caves de la ferme. Les Américains reculent. Ils ont laissé des boîtes de conserve, genre macédoine de légumes avec des petits morceaux de pommes de terre. Il faut abreuver les bêtes. On se trouve dans les combats. Un cheval crevé dans le fossé m’impressionne. Près de l’abreuvoir, on doit se sauver dans la ferme, car on tire sur nous. On a mis de la paille sur une réserve de pommes de terre. On loge dans la cave. Les Américains se retirent et reviennent. Je ne me souviens plus des dates exactes. Les Allemands avaient leur « Feldküche » qui nous nourrissait. Les combats ont duré environ trois semaines.
Un jour, les Allemands se sont rassemblés derrière la ferme. Un espion américain les a repérés. On a mis de la paille dans les encadrements des fenêtres car il n’y avait plus de vitres. Pendant l’attaque, j’attache la dernière vache. Je reçois l’encadrement sur la tête. Au même moment, les soldats allemands rentrent en criant « Sani..sani..(infirmiers) ». Ce jour-là, il y a eu neuf morts, neuf Allemands tués derrière la ferme. J’ai eu peur. Je file dans la cave comme si j’avais des ailes. Maman me prend dans ses bras et demande de la lumière. Elle trouve des lampes de poche ou des bougies, elle me croit blessée. C’était des gouttes de sueur de PEUR ! Je tremblais et je n’avais que douze ans. J’étais choquée. Cette maudite guerre, elle est terrible. Aujourd’hui en 2013, j’écris ces souvenirs comme si c’était hier.
Les Américains ont bombardé Saint-Vith. De Kaiserbaracke où nous étions, nous voyions un énorme brasier. Comment oublier tout ça ? Entre-temps nous avons appris par une religieuse que notre grand-père était décédé. Au couvent, (à Bütgenbach) il n’y avait plus de vitres. Les personnes âgées encore debout ont été se réfugier dans les caves. Mon grand-père impotent est mort de froid dans son lit et sans doute de peur. Avec deux autres vieux, nous a-t-on dit plus tard, ils ont eu les derniers cercueils. À côté de cette tombe de trois personnes, on a vu à notre retour, une tombe collective avec neuf personnes sans cercueil. Voilà ce qu’on nous a raconté à notre retour en 1945. Je me souviens, c’était le deux novembre, le jour des Morts. Maman nous a demandé le jour où nous avons appris le décès de mon Opa de réciter ensemble un chapelet à genoux. Puis, les Américains ont repoussé les Allemands. On venait opérer des blessés dans la cave éclairée avec des lampes de poche ou des bougies. Il y avait un banc contre un mur de la cave. Un soldat s’est assis sur le dossier et a pris la tête de mon frère entre ses bras pour l’empêcher de voir je ne sais quelle opération chirurgicale. Le soldat se prénommait Lucas. Comme d’autres Allemands, il venait chercher refuge dans la cave entre les combats. Puis un jour, Lucas n’est plus revenu, blessé, mort. Je ne sais pas !
Je me souviens aussi d’avoir vu un soldat allemand habillé avec des uniformes américains. On nous disait que c’était un espion qui s’infiltrait chez les Américains. On disait aussi qu’il n’avait aucun papier sur lui. Quand il y avait des moments de répit dans les combats, nous pouvions quitter la cave. Dans la cuisine, il y avait une grande cuisinière. On y brûlait du bois. Les Allemands et nous étions remplis de poux. Les soldats ont mis leurs vêtements dans le four, avec la chaleur, les poux sortaient et on les écrasait. La Feldkrüche nous nourrissait.
Départ pour l’Allemagne : exode d’une famille de réfugiés
Ensuite, les Américains ont avancé et les Allemands reculaient. Un Feldgendarme nous a obligés de quitter Kaiserbaracke. Heureusement, Maman a eu la bonne idée de demander un document certifiant qu’on nous obligeait de quitter Kaiserbaracke. Une camionnette nous a chargés. On a passé la nuit du 11 au 12 janvier 1945 dans une cave à Saint-Vith en ruine. La date est restée dans mon esprit car le 12 janvier est la date anniversaire de ma sœur M. Elle avait 7 ans. On traînait la valise avec les objets que Maman avait pris avec nous. Cette nuit-là, notre valise a disparu. Papiers, photos avec je ne sais plus quoi ! Tout avait disparu. Nous avions des cousins germains dans la Ruhr, exactement à Velbert. Un frère de mon grand-père y avait épousé une Allemande. Le 13 janvier, nous partions chez le cousin. Moi je souffrais du mal du voyage. Je vomissais mes tripes dans une couverture à carreaux. Je la vois encore aujourd’hui devant moi (de Kaiserbaracke à Velbert près de Essen dans le district de Düsseldorf, il y a environ 195 km). Après avoir passé le Rhin, c’était la débrouille. Il n’y avait pas de train régulier et nous nous abritions dans les abris des gares. Je ne sais pas combien de jours on a mis pour arriver chez nos cousins.
Nous étions sept avec Maman qui était maigre et épuisée à faire peur ! Je ne sais pas où ma sœur se trouvait, dans un service pour les Allemands, elle avait 19 ans et elle nous a rejoints chez les cousins à Velbert. La première occupation chez les voisins, c’est de nous couper les cheveux et nous décrasser dans un bon bain. Pour la première fois de ma vie, je me trouvais dans une baignoire. Maman avait un beau chignon tressé. C’est la seule fois où j’ai vu Maman avec les cheveux coupés tout courts. Les poux étaient coriaces et on en a gardé longtemps. Mon Papa, soldat en Allemagne a été contacté et a eu un congé pour venir nous voir. On n’est pas resté longtemps chez les cousins à Velbert.
On nous a embarqués en train jusque non loin de Kassel à Hannoverich Mûnden (242 km environ de Velbert à Hannoversch Münden). On est venu nous chercher dans une carriole attelée à un cheval, pour nous loger dans une ferme de village qui s’appelait Büren (de Hannoverich Münden à Büren il y a environ 115 km). Le fils de la ferme, exempté de service pour handicap, vivait dans une ferme avec sa vieille maman. La ferme se trouvait sur la place du village. Il y avait de beaux arbres. Mon frère Hermann et moi dormions chez d’autres personnes. Ils se sont plaint parce qu’on avait encore des poux. A l’école du village, un vieil instituteur barbu et sévère nous apprenait l’écriture gothique. A propos d’écriture gothique, mon Papa né en 1899 et ma maman née en 1901, ont été à l’école du temps des Prussiens, puisque à ma connaissance, les Cantons d’Eupen, Malmedy et St-Vith étaient annexés à la Prusse jusqu’en 1914. Nous étions à Büren, pas loin du lieu où les Russes et les Américains se sont rejoints. Heureusement, nous ne sommes pas tombés dans les mains des Russes. Il y a eu des combats dans le petit village. Un prisonnier français s’est manifesté trop tôt de la ferme, il a été tué par des soldats allemands. J’ai vu ce mort dans une petite charrette tirée par des hommes du village. On l’a conduit à la morgue du cimetière. Les jambes et les pieds dépassaient de la charrette, j’étais impressionnée.
Je me souviens très fort qu’il n’y avait plus de sel. Manger sans sel, c’était mauvais. Ma petite sœur souffrait de rhumatisme articulaire. Elle avait 4 ans et ses genoux étaient gonflés et rien pour la soigner.
Retour vers la Belgique via la Hollande
Puis les Américains sont entrés dans le village. Ma sœur A. avait appris l’anglais pendant la guerre. Elle a pu parler avec eux. Assez rapidement, ils nous ont pris en charge. Ce fut le retour en Belgique dans des wagons à bestiaux. Nous traversons l’Allemagne. Un seul pont métallique avait été reconstruit en hâte. Mon grand frère faisait une grande frousse à Maman. Il s’était assis sur les marches du wagon et regardait le Rhin. Je me rappelle surtout que Maman avait très peur qu’il ne tombe dans le Rhin. Nous sommes arrivés en Hollande. On a pris des pompes avec une poudre blanche pour tuer les poux. Des nuages d’une poudre blanche pour nous tous. Le train nous a ramenés à Liège à la prison St-Léonard. (277 km en passant par Roermond et Sittard en Hollande). Bien entendu, nous étions nombreux à être rapatriés de l’Allemagne. Pour notre bonheur, grâce à Dieu, Maman avait avec elle le document du Feldgendarme, attestant que nous partions obligatoirement. Ce qui fait que nous étions libres. Il me reste encore un souvenir très fort de la prison St-Léonard. Des pronazis étaient arrêtés et jetés en prison, battus très fort en hurlant de douleur. C’était dur pour mes douze ans. Je suppose que l’on a donné à Maman de l’argent pour prendre le train. Arrivés à Pepinster, nous avons changé de train. Comme nous parlions allemand, des Wallons nous ont traités de sales boches. Mon frère aîné a voulu les attaquer, se battre, il a fallu les séparer. Puis, on a pris le train pour Spa jusqu’à Stavelot. De cette cité, un autre train jusque Malmedy. Et grâce au document du Feldgendarme, nous étions enfin libres. La Croix Rouge nous a donné à manger. Enfin, on s’approchait de chez nous. Nous rencontrons à Malmedy une cousine qui nous dit que les Américains ont fait sauter et exploser notre maison pour boucher les trous d’obus sur la grande route du village. Il en a été ainsi pour 17 maisons de Butgenbach. Il n’y avait plus de ligne de chemin de fer depuis Malmedy. Ce sont des camions militaires américains qui nous ont ramenés dans notre village. Nous n’avions plus que les vêtements que nous portions sur nous. On était pauvre comme une souris d’église.
Bientôt la fin du calvaire pour un autre chemin de croix.
De Malmedy à Butgenbach, on était cahoté dans le camion non bâché. Nous étions en mai 1945. Des traces de guerre…enfin terminée. La grande route était défoncée par les trous d’obus. Quand nous sommes arrivés au début du village, c’est du haut du camion que nous avons découvert les ruines de ce qui était notre maison. J’entends encore le cri de douleur de Maman. C’était plutôt hurler que crier ! Et moi du haut de mes 12 ans, je vivais aussi cette souffrance. Et mon papa, vivait-il encore ? Où aller ?
Une sœur de Maman (tante Trin) nous recueillit pendant cinq semaines. Certains dormirent dans le fenil. On est allé voir les ruines. On nous a expliqué que 17 maisons vides dans le village ont été dynamitées. Les débris, nous a-t-on dit, ont servi à combler les trous d’obus des routes du village. Un grand oncle avait clôturé notre terrain. Cauchemar, cauchemar pour moi et pour les autres. L’habitat, le corps de logis de huit places…à terre. La menuiserie de Papa…à terre. L’étable…à terre. Où était le cheptel avant que la maison ne saute ? La voisine, qui en avait la charge, avait demandé à un habitant du village de laisser au moins encore une vache pour Maman. Il lui fut répondu que nous ne reviendrions plus. On a appris que des personnes du village étaient venues piller la maison. Alors qu’un autre habitant avait dit ; qu’il n’était pas facile de prendre les outils de Papa parce qu’ils étaient tous gravés à ses initiales. C’était la désolation totale. Pendant les combats, on nous racontait qu’avant de faire sauter la maison, on y avait entassé les morts. Ils étaient raides, gelés. Puis emmenés je ne sais où ? La commune mit alors à notre disposition un appartement de village. Un premier étage. En dessous, c’était des garages, peut-être des pompiers. Un souvenir angoissant, c’était la prison à côté de la cage d’escalier. On y enfermait des jeunes gamins qui venaient mendier ou frauder dans le village. Ils hurlaient de peur. Le lendemain, on les relâchait. Il nous fallait sortir de la maison, car les toilettes étaient à l’extérieur. J’avais peur de passer devant cette prison. J’en ai souvent rêvé. Dans ma tête, c’est toujours hier! Avant de prendre possession de cet habitat communal, il a fallu le nettoyer du grenier jusqu’en bas. Les militaires y avaient résidé et abîmé terriblement jusqu’à se lâcher dans des récipients destinés à la cuisine. Grâce aux militaires, on a récupéré des ressorts pour dormir. Des blocs en dessous surélevaient le tout. On a reçu des vêtements de la Croix Rouge. Je pense, sans en être sûre, que ça venait d’Amérique. On a reçu des meubles et de la vaisselle. Derrière le bâtiment, il y avait une chèvre crevée et des munitions que l’on est venu enlever. Beaucoup de personnes collectionnaient les cartouches vides en cuivre. Nous sommes retournés alors à l’école. Les enseignants, qui avaient prêté serment à Hitler, ont été congédiés. On avait engagé des enseignants de la province de Luxembourg du côté d’Arlon. Ils étaient bilingues. J’ai donc été à peine deux ans à l’école. C’était le 4e degré obligatoire. J’ai entendu pour la première fois parler français. J’ai donc appris la base élémentaire du français. Beaucoup d’années plus tard, mariée à un wallon à Spa, j’aidais mes enfants et j’apprenais le français avec eux. Je me suis rendu compte que le français de base reçu à 13 ans après la guerre, c’était ce que mes enfants apprenaient en 3e année primaire. Nous étions très traumatisés. Mais j’aimais bien l’institutrice et l’apprentissage. Mais à 14 ans, c’était fini.
L’époque est arrivée où les Wallons embauchaient des servantes. On allait « en service ». Papa m’avait fait une valise en bois contreplaqué. Je l’ai toujours. J’étais engagée à Ensival pour le ménage et pour servir au magasin. Ma sœur A. m’avait présentée. J’y suis restée neuf mois. Une patronne qui m’aimait bien. Elle me confectionnait des vêtements. Le patron était ce qu’il était, je ne peux l’écrire…si ce n’est qu’il était grand temps que je quitte !
Enfin, je suis venue travailler à Spa pendant 15 mois. La vie de famille. Madame était une patronne « nouveau riche », derrière le comptoir, je servais avec plaisir. Devant les clients, Madame se moquait de moi, parce que je parlais mal le français. J’étais debout à 6 h pour nettoyer le magasin. Je cirais les chaussures et j’apprêtais la table pour déjeuner. Puis Madame se levait et Monsieur très gentil, allait trois fois au marché de Droixhe chercher les légumes et les fruits. C’est ainsi que le ménage et le magasin m’occupaient de 6 h du matin jusque parfois 10 h du soir. Quand mes patrons partaient chez des amis, j’étais de service. On nous disait que nous n’étions pas engagées pour s’asseoir le cul sur une chaise. On aimait les filles des Cantons de l’est. Nous étions soumises.
Alors, le grand bonheur quand je fis la connaissance de mon amoureux. Il était fils de boulanger dans la rue où je travaillais. On a vécu des temps très durs pour nous rencontrer. Mon père refusait un Wallon pour moi. Il voulait que j’épouse un garçon de chez nous, des Cantons de l’est. Papa me proposait des fils de fermiers pour que j’aie toujours à manger. Ce que je ne comprenais pas. Pendant la guerre, il est vrai que nous avions toujours assez à manger. Je pense que de 1940 à 1945, ce furent des années d’insouciance pour moi. À mes 20 ans vint le jour béni, le jour de mon mariage. Depuis j’habite à Spa. Nous avons eu 6 enfants qui ont fait de bonnes études. Je me suis réalisée à travers eux. J’approche de 80 ans et mon mari est décédé à 82 ans. Je veux bien recommencer ma vie à partir de 20 ans. Je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai subi avec ma famille.
Tina Boskin