Quelques aspects de la fête de Noël

Si Noël est essentiellement une fête chrétienne, liée à la naissance de Jésus, un certain nombre d’éléments de la fête ont des origines plus lointaines. En effet, l’anniversaire de la naissance du Christ ne fut célébré que tardivement. Il faut attendre le 4e siècle pour que l’Eglise intègre cette fête dans son calendrier. Le Noël chrétien a supplanté des fêtes beaucoup plus anciennes célébrant le retour de la lumière en cette période hivernale où la nuit est longue.
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Illuminations

Noël est avant tout une fête de la lumière. Situées aux moments les plus noirs de l’année, de nombreuses traditions en Europe ont pour objectifs de lutter contre l’obscurité et de favoriser la renaissance du Soleil. Symboliquement, la naissance de l’enfant Jésus représente la lumière dans l’obscurité du monde. Le 25 décembre, les jours commencent à allonger ! Les bougies, rouges de préférence, apportent chaleur, lumière et espoir. Vous avez pu constater qu’elles ont été utilisées abondamment pour manifester ses convictions lors des moments de mémoire à la suite des attentats du 13 novembre à Paris. Les illuminations des centres-villes font également partie de cette logique. Une nouvelle fois, les rues de Spa scintilleront de mille feux durant la période des fêtes. Avant la généralisation des guirlandes électriques, on plaçait des bougies sur le sapin de la maison. Parfois, malheureusement, les bougies allumées mettaient le feu au sapin et provoquaient des incendies. Actuellement, afin de faire des économies d’énergie, les guirlandes lumineuses sont munies de Led.
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Crèche

La tradition fait remonter à Saint François d’Assise en 1223 la création de la première crèche. Dans notre région, les crèches sont directement issues de petits berceaux, appelés « repos » dans lequel on plaçait l’enfant Jésus. Ces « repos » étaient parfois réalisés en matières précieuses. Cette dévotion à l’enfant donna naissance à des « Paradis ». Il s’agit de boîtes vitrées contenant une poupée de cire placée dans un décor évoquant le Paradis, fait de papier froissé, de fleurs séchées, de plumes d’oiseaux, de perles. Ils donnèrent naissance à nos crèches composées de personnages en plâtre. Les plus célèbres sont certainement les santons de Provence. Des artisans créent actuellement des santons ardennais reprenant les différents métiers de nos régions et les habits traditionnels. A l’heure actuelle, les crèches et les personnages sont réalisés en matières synthétiques.

Des crèches représentent parfois une grotte. L’enfant Jésus serait né, selon la tradition la plus ancienne, dans une grotte et non dans une crèche. On y voit l’influence du culte de Mithra très en vogue dans les premiers siècles.
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Rois

Les rois symbolisent les trois âges de l’homme (jeune, adulte, vieillard) et les trois continents connu à l’époque de Saint Augustin (400) qui est à l’origine de cette conception, (l’Amérique n’est pas encore découverte). Ils représentent l’ensemble du monde. Les noms Gaspare, Melchiorre et Baldassare datent du IXe siècle. L’or offert par les Rois symbolise la royauté, l’encens la divinité et la myrrhe le caractère humain de l’enfant Jésus.

L’étoile est la lumière dans la nuit qui guide les mages. Même si la présence des rois semble plus légendaire que réelle, plusieurs astronomes ont essayé de situer l’évènement astronomique qui aurait eu lieu l’an 3 de notre ère. S’agissait-il d’une comète ? On pense à la conjonction (passage à proximité) de la planète Saturne et l’étoile Régulus, une étoile très brillante.
Crèche vivante. Les drames liturgiques sont à l’origine de nos crèches. Dès le Xe siècle, on joue dans les églises des scènes animées pour rendre les textes de l’évangile plus concrets. Les drames s’enrichirent de plus en plus d’aspects profanes. Ils furent dès lors exclus de la liturgie, puis du lieu de culte et l’on joua alors sur les parvis des églises. La crèche vivante du Vieux-Spa pourrait peut-être être rattachée à cette forme de théâtre ancien.

Le sapin n’a pas toujours garni les maisons à la Noël. Cette coutume est d’origine allemande où elle apparaît vers 1500. Comme tout arbre, le sapin symbolise le lien entre la Terre et le Ciel. Il est choisi car il reste toujours vert, il est un symbole d’éternité, s’opposant ainsi à la mort. Les chrétiens ont intégré tardivement le sapin dans les décorations de la maison (début du XXe siècle). Il était considéré comme un symbole des anciennes croyances. Le Houx garnit la table de Noël et de Nouvel An. Ses feuilles qui restent vertes toute l’année et ses fruits rouges qui apportent la couleur dans la grisaille de l’hiver en font le symbole tout désigné du désir de voir se renouveler la vie.
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Boules de Noël

Savez-vous qu’on n’a pas toujours garni le sapin de boules en verre ? Au départ, on garnissait l’arbre de Noël (qui n’était pas un sapin), de noix et de pommes rouges. Ces fruits, symboles de vie en cette période difficile de l’hiver où tout est mort, ont progressivement été remplacés par des objets et des boules de couleurs en verre. Les boules en verre se sont alors imposées dès la fin du 19e siècle.

Les chants de Noël traditionnels que les chorales de notre région interprètent volontiers dans les concerts de cette période, apparaissent dès le 15e siècle (par exemple Noël-Nouvelet). De nombreux Noëls (chants) en wallon ont été créés au 17e siècle. On a retrouvé un carnet datant de 1776, d’un musicien spadois, comportant une vingtaine de chants de Noël dont plusieurs en wallon. Ces chants comportent souvent plus de vingt couplets. Si les divers acteurs parlent en wallon, la Vierge et Joseph s’expriment en français.
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Messe de minuit

Comme le rappelle un chant wallon ancien, « quand nous aurons été à deux, trois messes nous reviendrons manger des qwesses (côtes de porc) », il était de tradition à Spa d’aller à la messe de minuit mais aussi à deux messes, la messe de l’aurore et la messe du jour de Noël. Au cours de la messe de minuit, une statue de l’enfant Jésus était apportée sur l’autel.

Nuit des Merveilles

Durant la nuit de Noël, divers rites ou superstitions ont vu le jour. A Spa, certaines personnes déposent encore sur l’appui de fenêtre du pain et de l’eau qui seront ainsi bénis durant la sainte nuit. Ce rite leur permet de croire que le pain ne manquera pas durant l’année, que l’on sera préservé des maladies. On partagera ce pain et cette eau avec les petits oiseaux et les animaux. Il était interdit d’effectuer certains travaux agricoles ou domestiques tels que faire la lessive, battre le blé. Entrer dans l’étable à minuit vous coûtait la vie car à ce moment, les animaux retrouvent la parole pour adorer l’enfant et le curieux était ainsi puni.

Boudin noir, lapin, dinde

A Noël, les vieux Spadois consommaient des plats traditionnels, parfois bien oubliés actuellement. Ainsi, le jour de Noël, dès la fin du 19e siècle, on mangeait le lapin. Dans les périodes de crise, certaines personnes nécessiteuses se contentaient de « lapins de gouttière » et les voisins évitaient de laisser leur chat en liberté à ce moment. Dans les familles ouvrières, on mangeait beaucoup moins de viande qu’actuellement. Le cochon était engraissé pour la Noël et tué peu avant la fête. Dès lors, le boudin noir, fait à base du sang de cochon, constituait un des plats principaux de la veillée. Jusque dans les années 1950, des familles spadoises préparaient elles-mêmes leur boudin. La dinde prit ensuite le relais mais actuellement des repas plus faciles à préparer garnissent la table de Noël telles que raclette, fondue, pierrade.

La bûche de Noël

Au départ, la bûche n’est pas un gâteau mais une grande bûche de bois que l’on fait brûler dans l’âtre la nuit de Noël. Elle est préparée, bénie de vin puis allumée et elle brûlait durant la nuit de Noël. Elle était sensée apporter la prospérité toute l’année. Cette tradition est encore vivace en Provence. La bûche en bois s’est transformée symboliquement en un délicieux gâteau, dessert du repas du réveillon de Noël. On n’oubliera pas non plus les célèbres boukètes, plat de la cuisine populaire liégeoise à base de farine de sarrasin. On y ajoutait des raisins secs et chez nous on coupait le lait avec du pouhon.

Marchés de Noël

Quoique très anciens en Allemagne et en Alsace, les marchés de Noël sont récents dans notre région et à Spa. Ils sont l’occasion de déguster vin chaud, boudins, gaufres, huîtres et de trouver des cadeaux pour les fêtes. Cette année, le marché de Noël aura lieu les 18,19,20 décembre place Royale.

Père Noël

L’image du Père Noël, telle que nous la connaissons aujourd’hui, date de 1931. Il s’inspire de Saint Nicolas. Un artiste, Haddon Sundblom, réalisa une affiche pour la firme multinationale Coca-Cola en donnant au Père Noël un visage et une stature plus sympathique. Le Père Noël, symbole de la société américaine, s’invita en Europe après la guerre. Dans un premier temps, il fut difficile de l’imposer dans notre pays mais actuellement il a fait sa place au même titre que Saint Nicolas. Notons que ce dernier résiste et que dans les familles, Saint Nicolas et Père Noël apportent tous les deux des cadeaux en décembre.

Les Hèyes

Entre la fête de Noël et la fête des Rois, la solidarité entre les personnes pouvait s’exprimer lors des quêtes qui permettaient aux gens pauvres de recevoir des victuailles. Avec le temps, ces Heyes (citées dès 1511 à Liège) ont été abandonnées par les adultes et ce sont les enfants qui, de porte en porte, interprétaient des chansons traditionnelles pour recevoir des friandises. En 1815, des enfants déguisés en rois circulaient dans la ville de Spa pour hèyi. Albin Body note qu’en 1900, ce sont des adultes provenant du pays de Herve et de Verviers qui se livrent aux Hèyes.
La tradition a été reprise dans le quartier du Vieux-Spa depuis 1988. On y chante notamment cette hèye : (sur l’air de Cadet Roussel)

Bon d’jou nos’dame è bonne santé
Vos’bonté nîreut nin fwert bin
I fêt si freud là so les pîres
Ca d’vins les mâles sâhons

Nos v’nans heyi po v’rècrèyer
Si v’nos lêyîs heyi po rin
D’ja l’nez qui djale com’ine crompire
Binameye dame, i n’fêt nin bon

Vœux

On envoyait des cartes de Noël pour souhaiter un Joyeux Noël. Cette tradition n’est plus guère pratiquée à l’heure actuelle, ce qui ne nous empêche pas de vous souhaiter un « Joyeux Noël » !


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