Les lâchers de ballons

Au début de la seconde moitié du 20e siècle, les lâchers de ballons étaient courants dans la région. Ils avaient lieu dans le cadre de fêtes, de kermesses, de commémorations diverses, etc. C’était toujours très spectaculaire, surtout pour les enfants, de voir s’élever un grand nombre de ballons, puis de les regarder s’éloigner au gré des vents. Très fréquemment, une compétition ludique était jumelée à ces lâchers. Chaque concurrent recevait un ballon et le gagnant était celui dont le ballon était porté le plus loin par les vents. Le jeu reposait sur l’espoir que quelqu’un trouve le ballon lorsqu’il était tombé à terre et signale à quel endroit. Pour cela, chaque concurrent attachait à son ballon une carte postale sur laquelle il y avait préalablement écrit son adresse et un message demandant à ce qu’on lui retourne la carte en précisant le lieu où le ballon avait été découvert.

A Nivezé, le dimanche 19 octobre 1958, jour de la kermesse annuelle, un concours de lâcher de ballons eut lieu. Ce fut, à la connaissance des anciens Nivezétois, le seul organisé au village. Des dizaines de ballons, lâchés par les jeunes Campinaires, s’envolèrent ; poussés par les vents, ils emportaient avec eux l’espoir d’une réponse.

Deux ans plus tard, Denise Jérôme, une jeune Nivezétoise ayant participé au fameux concours, reçut par la poste une lettre signée Arlette Zambelli à laquelle était annexée la carte qu’elle avait accrochée à son ballon ainsi qu’une photo. Le courrier avait été posté en France, plus précisément à Froidvent un hameau de Leuglay, une petite commune du plateau de Langres d’environ 300 habitants, située dans le département de la Côte-d’Or, en Bourgogne.

La photo du courrier de 1960 : Arlette Zambelli (photo collection Denise Jérôme)

La photo du courrier de 1960 : Arlette Zambelli (photo collection Denise Jérôme)


Dans sa lettre, Arlette, une jeune fille à peine plus âgée que Denise, racontait qu’elle avait trouvé le ballon nivezétois avec sa carte postale lors d’une balade dans les bois de Froidvent.
Juillet 1963 : Robert Lejeune, Arlette, Denise, les parents d’Arlette, Paul Jérôme (le père de Denise)  (photo collection Denise Jérôme)

Juillet 1963 : Robert Lejeune, Arlette, Denise, les parents d’Arlette, Paul Jérôme (le père de Denise)
(photo collection Denise Jérôme)


Les deux jeunes filles sympathisèrent très vite. Il s’en suivit une correspondance assidue. En juillet 1963, Denise, accompagnée de son père et de Robert Lejeune un ami leur servant de chauffeur, fit pour la première fois le voyage à Leuglay. A l’époque, point de GPS, ce fut toute une aventure pour parcourir les quelque 500 kilomètres séparant les deux villages.

Ce premier voyage est toujours bien ancré dans sa mémoire, elle s’en souvient comme si c’était hier. A son arrivée à Leuglay, elle entend encore cet homme, à qui elle demande où se situe la maison de la famille Claudon-Zambelli, lui répondre : « c’est ici, vous êtes arrivés, je suis Emile Claudon ». Voilà comment, elle fit la connaissance d’Emile, le forestier qu’Arlette avait épousé deux ans auparavant.
Arlette et Emile auront cinq enfants (Isabelle, Eric, Jean-Marcel, Marie-Hélène et Christian). Denise deviendra, en décembre 1963, la marraine d’Eric, l’ainé des fils. Par la suite, Denise et son filleul seront marraine et parrain d’un fils d’Isabelle, l’aînée de la fratrie. En 1964, c’est au tour de la Nivezétoise de convoler en justes noces ; au mois d’avril, elle épouse André Pottier, un chauffeur de camion originaire de Creppe. Ils auront quatre enfants (Chantal, Jean-Paul, Annick et Alain).

Grancey-le-Château : 2011 : Noces d’or des époux Claudon-Zambelli Arlette Zambelli, Emile Claudon, Denise Jérôme, André Pottier (photo collection Denise Jérôme)

Grancey-le-Château : 2011 : Noces d’or des époux Claudon-Zambelli
Arlette Zambelli, Emile Claudon, Denise Jérôme, André Pottier (photo collection Denise Jérôme)


Les liens entre les deux couples seront toujours très étroits car ils s’entendent à merveille. Au fil du temps, les communions et mariages des enfants seront souvent le prétexte à de joyeuses retrouvailles. Arlette aurait espéré, avec leurs descendances respectives, un mariage franco-belge, il faillit bien avoir lieu !

Malgré les années qui passent l’amitié reste intacte, mais maintenant, ce sont plutôt leurs enfants qui effectuent les déplacements. Néanmoins, l’année dernière, pendant les vacances, Denise et son mari, accompagnés de Mathieu, un de leurs petits-fils, sont allés quelques jours chez leurs amis français. En principe, cette année, c’est Arlette et Emile qui sont attendus à Nivezé !

Jean Lecampinaire


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