Le Pouhon Prince de Condé

L'entrée du Pouhon Prince de CondéLa petite rue proche du Pouhon-Pierre-le-Grand, appelée aujourd’hui Rue Jean Gérardy, portait au XIXe siècle le nom de rue Dundas, du nom du propriétaire en 1760 de la Lance Couronnée située au coin de cette rue donnant sur le Marché et allant vers la place de l’Entrepôt.

Dans un article consacré à l’histoire de la source dite Prince de Condé publié en juin 1977 dans Histoire et Archéologie spadoises, où l’on voit reproduite l’enseigne datée de 1744 portant ce nom, Pierre Lafagne [Léon Collin] écrit que la découverte de la source est due à M. Schaltin qui, en octobre 1863, avait fait creuser un puits dans la cave de sa maison. En réalité, cette source minérale était connue depuis 1849, date à laquelle elle fut exploitée pour des bains d’eau minérale faisant avec succès concurrence à l’établissement de bains construit par la ville de Spa à l’emplacement du bâtiment dit des « Petits Jeux » (Office du Tourisme actuel).


L’établissement des bains de la rue Dundas était tenu par un certain Thomas Mexher, mais devait beaucoup au médecin anglais Thomas Cutler. Celui-ci, à cette époque, avait dénoncé les insuffisances de l’établissement officiel des bains et la supercherie consistant à colorer avec une boue rougeâtre de l’eau douce afin de faire croire qu’on y donnait des bains d’eau minérale.

D’autre part, comme on le voit d’après une note d’Histoire et Archéologie Spadoises [Sept 1977, p.103], en juillet 1860 J.H. Gavage annonçait également qu’il donnait des bains d’eau minérale grâce à une source qui se trouvait dans son établissement à l’enseigne de la Reine de France (maison contiguë à celle du Prince de Condé).

En mai 1863, la firme Schaltin, Duplais et Cie demanda à ce que la source se trouvant dans la cave à l’hôtel Prince de Condé soit déclarée d’utilité publique et l’autorisation d’en faire l’exploitation.

En décembre 1863, la ville de Spa demanda à la Députation permanente la permission d’ester en justice contre les sieurs Schaltin, Pierry et Cie, Lecocq-Maréchal (propriétaires de la maison Les Armes d’Autriche un face du Pouhon qui exploitaient aussi une source minérale située dans leur cave) et contre M.Gavage-Delrée au sujet des travaux de fouilles qui compromettaient le débit de la source du pouhon Pierre-le-Grand. Elle voulut également interdire à la firme Schaltin d’utiliser le mot « Pouhon » pour les eaux qu’elle exportait, mais fut déboutée par jugement du Tribunal de Verviers du 30 décembre 1863.

Le pouhon
Le pharmacien Schaltin s’était associé à la Compagnie de Vichy et, en exportant en grande quantité les eaux de sa source pendant plus de vingt ans, se révéla un concurrent redoutable pour ressources communales de Spa jusqu’au rachat par la ville de la source Prince de Condé en 1903 pour la prix de 40000 francs.

Voici la description que le Dr Victor Sceuer donne de la source Prince de Condé dans son Traité des eaux de Spa (2e éd. 1881 p.72) : La source ou plutôt les deux sources connues sous la nom de Pouhon Prince de Condé N°1 et 2 sortent de terre et sont captées dans les souterrains d’une maison appartenant à MM Schaltin, Pierry et Cie et située rue Dundas, à cinquante pas du Pouhon de Pierre-le Grand.

Les propriétaires, qui sont des hommes d’initiative et d’intelligence, comprenant que la progrès est une question de vie ou de mort pour une ville d’eaux, n’ont pas reculé, eux simples particuliers, devant une dépense relativement considérable pour annexer à leur source une trinkhalle qui, avec des proportions plus modestes, offre aux buveurs une protection tout aussi efficace que la coûteuse construction du Pouhon Pierre-le-Grand. La salle qu’ils ont fait élever, en 1879 a une superficie de huit mètres sur dix, plus qu’il ne faut pour la promenade d’ordonnance entre les prises d’eau minérale. Sa forme est quadrangulaire, sa toiture vitrée, son pavement en belle céramique. Les murailles disparaissent sous un revêtement de rocailles criblées de cavités où poussent une foule de plantes ornementales, palmiers, lataniers, bananiers, fougères dont les frondes se marient élégamment avec des corbeilles de fleurs et un lacis de lianes grimpantes. Les deux sources pétillent dans deux vasques de marbre noir, au fond d’une grotte artificielle qui est ornée, avec le même goût, d’une profusion de plantes tropicales.

La pyramide de verre du pouhon Prince de Condé.Comme Presque tous les étrangers qui affluent au Prince de Condé sont des malades sérieux qui prennent fort à cœur leur cure, on n’y est pas dérangé par les allées et venues des simples curieux et des badauds … Les jours de mauvais temps, les messieurs s’y promènent de long en large, tandis que les dames, assises autour des tables, se distraient en babillant ou en travaillant à des ouvrages de main. C’est coquet, paisible et du meilleur ton.

Tout comme autrefois, par contre, l’eau ferrugineuse du Pouhon Prince de Condé est appréciée non seulement par les étrangers, mais aussi par de nombreux spadois qui viennent en boire ou y emplir des bouteilles.

Léon Marquet.


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