Le cimetière : un témoin

La Toussaint et le « jour des morts » sont traditionnellement réservés à la commémoration des défunts, et un bon nombre de Spadois se rendent durant ces journées au Cimetière de Spa.

Peut-être comme moi, avez-vous été impressionné par des monuments funéraires de grande taille, ou des tombes plus modestes, mais combien chargées de tout un passé de notre ville. En fait, le cimetière est porteur d’une vie, de la vie de nombreux concitoyens; de grands noms certes, mais aussi de nombreuses familles modestes qui ont marqué l’évolution de notre ville, qui l’on construit. Nous souhaiterions aujourd’hui nous attarder avec vous dans les allées du cimetière en attirant votre attention sur quelques tombes.

Mais, avant, un petit mot sur la cimetière actuel. Il date de 1841 et remplaçait le cimetière du Vieux-Spa (place des écoles). Bien avant, jusqu’à la fin du 15ème siècle, les morts étaient enterrés à Sart, car Spa dépendait de cette paroisse. C’est ainsi que le chemin qui conduit à Sart (parallèle à l’actuelle route du lac se nomme encore « chemin des morts »).

Au 16ème siècle, le premier cimetière spadois fut installé autour de l’église selon la tradition de l’époque. Après la création du Couvent des Capucins, on y enterra également les Spadois et de riches bourgeois dont Gérard Deleau (le dernier à être inhumé à cet endroit). (1)

Dès 1776, la nécessité d’un nouveau cimetière se fait sentir, on insiste sur le danger pour la salubrité que représente un cimetière établi au milieu des habitations autour des lieux de culte. Le nouveau cimetière fut créé en 1782 aux alentours et sur les anciens jardins des capucins (actuellement place des écoles).Il s’étendait de la rue des Ecomines à la voie de chemin de fer actuelle et de la rue des Capucins jusque dans les jardins des immeubles actuels à droite de la place des Ecoles.

Le caveau Fraikin et de Colesco rénové.

Le caveau Fraikin et de Colesco rénové.


Il comprenait trois cimetières. L’un était réservé aux catholiques, un autre aux protestants, le dernier (en 1801) à la famille Cockerill.

L’emplacement de ce cimetière se montra à l’usage peu adéquat (à cause de la pollution des puits des riverains notamment) et il fut fermé fin 1840 au profit du cimetière actuel. La première inhumation à Spaloumont eut lieu en Janvier 1841.

Revenons maintenant à l’objet même de cet article : la découverte de quelques tombes caractéristiques du cimetière actuelles. Les renseignements que nous vous proposons sont principalement extraits de l’ouvrage de Pierre Lafagne : « Les pierres qui parlent » édité en 1976.

A l’entrée du cimetière (à gauche) vous apercevrez tout d’abord une tombe sur laquelle repose un casque de pilote de course sculpté dans la pierre de taille. Y est inhumé un pilote de moto WHYTWORTH, qui s’est tué lors d’un grand prix de motos à Francorchamps le 2 juillet 1950. A côté de lui, quatre anglo-canadiens décédés juste après la première guerre et qui ne revirent jamais leur pays natal.

Derrière ces tombes, votre attention sera attirée par la nombre important de monuments aux inscription anglaises. Beaucoup d’entre-elles datent des premières années de la création du cimetière jusqu’en 1880.

Cette présence n’a rien d’exceptionnel si l’on sait que Spa a toujours fortement été appréciés par les Anglais comme lieu de cure. Leur nombre était à ce point appréciable que l’on fonda en 1626 une paroisse anglicane à Spa dépendant directement de Londres.

Le club Anglais (créé en 1766) fut à l’origine de nombreuses initiatives sur le plan de la création de promenades et de divertissements. Il était composé de 534 personnes en 1785.

Ainsi vous pouvez retrouver dans le cimetière des noms typiquement britanniques tels que : Callaghan, Benson, Mackenzie, Maccarthy, Dallas, Cuningham …

Revenons un peu en arrière pour découvrir (à droite du chemin à l’entrée) la pierre tombale de la famille Cockerill.

la pierre tombale de la famille Cockerill

William Cockerill, père du célèbre John Cockerill s’établit à Spa vers la fin du XVIIè siècle.

En 1819, il fit construire dans le cimetière de la rue des Ecomines, un mausolée à l’usage de sa famille. Cette sépulture fut abandonnée en 1899 et réédifiée dans son style primitif, à l’entrée du cimetière actuel.

Elle fut ensuite démolie en 1938 et remplacée par la dalle actuelle.

John Cockerill mourut en 1840, mais son corps fut ramené à Seraing et ne se trouve donc pas dans le cimetière de Spa.

La famille Cockerill a marqué Spa de sa présence durant une cinquantaine d’années (ils installèrent à Spa une fabrique de cardes et de broches), ils résidaient au grand hôtel = l’hôtel de ville actuel.

Après la mort de John Cockerill, l’ensemble des biens furent vendus (en 1847…) … il ne reste que la tombe … C’est sans doute la raison pour laquelle ce monument est malheureusement dans un état lamentable.

En montant l’allée centrale, sur votre gauche, vous vous attarderez devant le monument aux victimes civiles, aux résistants et combattants de la guerre 40-45, puis à droite, vous apercevrez la Tombe en forme d’obélisque de Jacques-Joseph Servais.

La tombe en forme d’obélisque de Jacques-Joseph Servais.

Jacques-Joseph Servais fut un des hommes politiques les plus remarquables de notre ville. Il fut bourgmestre de 1862 à 1869. C’est à lui que l’on doit notamment la création de la ligne de chemin de fer et l’emplacement de la gare, la création de nombreuses promenades dont celles des Artistes et Meyerbeer, le boulevard des Anglais. Il joue un rôle important dans l’augmentation des bénéfices de la ville perçus sur les jeux.

Mais son oeuvre principale réside dans la construction de l’établissement des Bains qui constitue encore à l’heure actuelle l’un des plus beaux édifices de notre localité.

La ville de Spa lui a traduit sa reconnaissance en baptisant la rue qui joint le nouveau et la vieux Spa rue Servais.

Alexandre Delhasse

Nous voici maintenant au centre de la partie la plus ancienne du cimetière. En cherchant bien, vous y verrez la sépulture d’Alexandre Delhasse, un esprit brillant, auteur de plusieurs études dont une sur la grotte de Remouchamps. Journaliste, il avait participé à deux revues spadoises, l’Enquête communale et la Revue de Spa.

Progressiste convaincu, il s’attachait à défendre les thèses de Fourrier sur la justice sociale à une époque où le peuple mourait de faim.

Croyant mais non pratiquant, il avait lancé de vives critiques au clergé lors de la campagne électorale de 1848. Aussi, à sa mort, le clergé refusa son concours aux Funérailles mais la population indignée de cette attitude intolérante, assista en masse à son enterrement !

Il s’agit là d’une des figures les plus attachantes de notre localité. La Revue Archéologie Spadoise lui a consacré plusieurs articles (sept 86 et juin 85).

DES BOURGMESTRES, DES ARTISTES …

D’autres monuments vous permettront de découvrir d’anciens bourgmestres :

G.H.G. COLIN occupe les fonctions de bourgmestre lors de la période hollandaise [1825-1831].

Une partie du cimentière (2014)

Une partie du cimentière (2014)


Commentaire

Le cimetière : un témoin — Un commentaire

  1. Bonjour,

    Je vois que certains arbres généalogiques et certains sites web mentionnent William COCKERILL né en 1757, d’autres en 1759…

    Par exemple :

    http://www.histoire-des-belges.be/quelques-celebrites-belges/les-cockerill-pere-et-fils : William Cockerill, né en 1759 dans le Lancashire

    http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Cockerill : William Cockerill (1759-1832)
    et sur la même page, on voit une image :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Cockerill#mediaviewer/Fichier:William_Cockerill.jpg sur cette image, on peut lire « geb. 1757 » (geb. = geboren = né)

    http://www.britannica.com/EBchecked/topic/123681/William-Cockerill (l’Encyclopédie Britannique !) William Cockerill, (born 1759, Lancashire, Eng.—died 1832, Aachen, Prussia [Germany]),

    http://www.theodora.com/encyclopedia/c2/william_cockerill.html WILLIAM COCKERILL (1759-1832)

    http://vercken-devreuschmen.com/index.php?type=1&id=44 Arrière-grand-père d’Adèle Pastor, épouse de Léon Vercken de Vreuschmen, il naquit en 1757 en Angleterre

    Peut-être l’explication de cette confusion se trouverait-elle dans le fait que William serait né en 1757 mais baptisé seulement en 1759 ?
    Tel que mentionné sur
    http://gw.geneanet.org/ostertras?lang=fr;pz=quentin;nz=osterrieth;ocz=0;p=william;n=cockerill
    Né en 1757
    Baptisé en 1759 – Haslingden,,,,,Angleterre
    William Cockerill repose au cimetière de Spa. http://www.sparealites.be/le-cimetiere-un-temoin

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