Le chalet de la piste de Ski

Le chalet de la piste de ski : le lendemain de l’incendie. Le toit fume encore…

Le samedi 2 mars de l’année 2002 restera une date noire pour les amoureux de la piste de ski et de son joli chalet  » russe « . De nombreux Spadois purent observer, pantois, une importante colonne de fumée qui s’élevait des forêts du Thier de Rexhons alors que le chalet la piste de ski était la proie des flammes. L’incendie semble bien être d’origine criminelle puisqu’il semblerait que l’on ait même fracturé une porte pour y bouter le feu. Avec ce chalet disparaît aussi le souvenir d’un homme que certains lecteurs ont probablement connu : Paul Oussov.

Paul Oussov était originaire de Sibérie. Au début de la guerre, il avait été nommé officier dans l’armée rouge. Il fut ensuite fait prisonnier par les Allemands dans un camp près de la frontière Polonaise. Les conditions d’emprisonnement que réservaient les Allemands aux prisonniers russes étaient terribles. Paul Oussov réussit à s’évader. Dans les bois, il rencontra alors un prisonnier russe qui avait aussi réussi à fuir. Ce dernier, ayant déjà séjourné en Belgique dans la région de Charleroi, proposa à Paul de rejoindre la Belgique. Le périple fut long et dangereux mais après plusieurs semaines de marche, nos deux évadés arrivèrent enfin en terre promise : la Belgique. Ils se séparèrent. Paul Oussov fut recueilli par la famille Xhrouet dans une ferme à Andrimont-La Gleize. Il y restera caché pendant toute le durée de la guerre. Lorsque en 45, les  » citoyens  » russes furent invités à rejoindre leur pays, Paul Oussov se remit en route vers sa terre natale : la Sibérie. C’est à Berlin qu’il apprit ce qui l’y attendait réellement : Staline avait décidé de supprimer tous les soldats et surtout les officiers qui étaient partis à l’étranger (avouons que c’était une drôle de façon de remercier ceux qui avaient risqué leur vie pour défendre leur patrie).

Ni une, ni deux, Paul Oussov décida alors de rebrousser chemin. A nouveau, le chemin fut long et périlleux mais c’était certainement la meilleure chose à faire.

Le chalet russe à l’époque  » où il y avait encore de la neige en hiver « .

La guerre étant finie, il n’y avait plus de raison de se cacher et Paul Oussov décida de se  » mettre à son compte « . Il se mit à construire des chalets en bois comme son père le lui avait appris en Sibérie. L’un des premiers chalets qu’il construisit fut celui de la piste de ski du Thier des Rexhons !

Lors d’une fête organisée à Spa, Paul Oussov rencontra celle qui devint son épouse : une jeune flamande qui était venue rendre visite à un parent séjournant à l’Hôtel Palace à Spa. Le couple eut deux enfants : Rita et Serge. (Ajoutons en passant que depuis plusieurs années, c’est Serge Oussov qui, chaque mois, imprime l’humble revue que vous tenez entre vos mains !).

Avec son savoir-faire importé de Sibérie, Paul Oussov commença à intéresser beaucoup de monde. Ainsi, il eut l’occasion de partir aux Etats-Unis, au Nebraska, région où l’on construit beaucoup de maisons en bois. Il refusa en dernière minute et se décida pour la Suisse. Il pensait partir dès que l’occasion se présenterait. Malheureusement, le sort en décida autrement. Sont-ce tous les malheurs qu’il connut pendant les années de guerre et d’emprisonnement qui l’avaient affaibli sans qu’il ne s’en rende compte ? Paul Oussov fut terrassé par un cancer des poumons à l’âge de 41 ans. Il laissa derrière lui une veuve et deux enfants.

Paul Oussov

Peut-être certains comprennent-ils mieux maintenant pourquoi le chalet de la piste de ski était aussi appelé  » le chalet russe « .

Le chalet de Paul Oussov, menuisier sibérien, venu apporter son savoir-faire en pays ardennais a été reconstruit.

Jean-Marc Monville


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