Le 20 février 1867, lorsque la ligne de chemin de fer reliant Spa à la frontière grand-ducale a été ouverte, aucun arrêt n’était prévu à Nivezé. Dès février 1873, les habitants du village interpellent les autorités compétentes à ce sujet et demandent également que le passage à niveau n°18, situé non loin de la fontaine du Tonnelet, soit gardé.

Il faut savoir que la voie ferrée coupe trois routes dans sa traversée de la campagne nivezétoise : passage à niveau n°18 (non loin de la fontaine du Tonnelet), n°19 (à l’entrée des Basses-Nivezé), n°20 (à la Baraque Lemoine). Suite aux démarches précitées, ces passages à niveau furent gardés jusqu’en 1927 ; par après, ils furent équipés de signaux adéquats. Les gardes-barrières résidaient dans des maisonnettes situées le long de la voie. Parmi les familles de gardes-barrières, on peut citer : Bertholet-Plunus pour le PN 18 ; Dewannemacker puis Jeanpierre pour le PN 19 ; Lemoine-Berwette puis Buren pour le PN 20. Lorsque les passages à niveau sont devenus non gardés, les maisonnettes furent occupées par des cheminots ou à défaut louées à d’autres personnes. Elles seront démolies dans le courant des années soixante.

La carte postale ci-dessus (à droite) nous montre la halte de Nivezé avant la Grande Guerre. A droite, un bâtiment en bois (6,8 m de longueur et 3 m de largeur) qui comprenait une salle d’attente et un bureau de distribution de billets et à gauche, la maisonnette du (de la) garde-barrière. Le quai, d’une longueur de plus de 100 m, était situé juste avant le passage à niveau, du côté droit de la voie dans le sens Spa-Stavelot. La dernière guichetière s’appelait Stephanie Bertholet-Plunus. En 1949, la petite construction en bois est abattue et remplacée par un abri en béton lui-même démoli, en 1961, suite à la suppression des trains de voyageurs dès le 2 août 1959.

Cette halte, qui permettrait aux Campinaires de ne plus devoir se rendre à la gare de Spa pour prendre le train (l’arrêt de Géronstère date du 1er février 1937), bien que prévue en 1893, ne sera officialisée qu’en avril 1906 et ouverte le 1er juin 1907.

Sur la photo de droite, datant de juillet 1959, à la gauche du train, on distingue le quai d’une longueur de plus de 130 mètres avec un abri pour voyageurs établi en 1949 (démoli en 1961 par suite de la suppression des trains de voyageurs à partir du 2 août 1959).

A la droite du train, l’ancienne ferme du domaine de la Fraineuse (à cette époque propriété de la Ville de Spa ; de nos jours, une dépendance du Centre ADEPS La Fraineuse) ainsi que plusieurs tentes et caravanes du camping enseigné « La Fraineuse » (camping créé au début des années 1950 et qui a accueilli des vacanciers jusqu’au milieu des années soixante).

La locomotive à vapeur n°81083 et une rame de voitures pour voyageurs sont à l’arrêt à la halte de Nivezé, juste avant le passage à niveau non gardé n°18 de la ligne 44 ; le train s’apprête à monter vers la gare de Sart-lez-Spa. Cette locomotive faisait partie des six locomotives du type 81, datant de 1912, basées en 1959 à la remise de Trois-Ponts ; suite au traité de Versailles de 1919, plus de cinq cents exemplaires de cette locomotive avaient été cédés comme dommages de guerre par l’Allemagne à la Belgique. Sa vitesse maximale était de 55 km/h

Jean Lecampinaire

Sources :
Spa-Stavelot, les petits trains des neiges (G. Henrard – 1999 – Dison – Editions Sabel)
Le vengeur (L. Marcotte – 1919)
Madame Josette Counet, Messieurs Paul Gernay et Arthur Maas
Histoires de tortillards ardennais : Tomes 1 et 2 (Editions Sabel – Georges Henrard – 1999)