La forêt spadoise

Une richesse à préserver !

La conférence organisée par le Centre Culturel sur la forêt spadoise a permis au public (trop peu nombreux malheureusement) d’obtenir une quantité d’informations de très grande qualité sur divers aspects et problèmes de la forêt.

Les orateurs ont insisté sur la chance des Spadois d’avoir à proximité de leur ville, une forêt qui occupe les 2/3 du territoire communal. Il suffit de comparer avec des régions comme la Hesbaye où la forêt ne couvre que 5% de l’espace pour comprendre pourquoi de nombreuses personnes fréquentent nos bois.

Le bois de Belle Heid (Photo @Bernard Meeus - http://bernardmeeus.wordpress.com/)

Le bois de Belle Heid
(Photo @Bernard Meeus – http://bernardmeeus.wordpress.com/)

Tous les orateurs s’accordent sur le fait que la forêt du Nord de Spa est beaucoup plus diversifiée, plus riche en espèces végétales que la forêt du Sud. Sur quelques kilomètres carré, on trouve en effet des sols différents, des reliefs plus découpés qui ont été colonisés par des espèces multiples. Même si on ne peut pas dire que la forêt du Nord de Spa est naturelle (forêt primaire), elle a été peu transformée par l’homme. Elle conserve des zones de grand intérêt écologique et notamment des zones humides très riches dans la vallée du ru de Chawion. La construction d’une route dans le Staneux (projet heureusement abandonné) aurait causé des dommages irréversibles à cette forêt en perturbant son système écologique. Elle aurait fragmenté les habitats, ceux-ci plus petits sont moins capables d’assurer une diversité des espèces végétales et animales.

L’utilisation du bois pour les industries métallurgiques du bassin du Wayai et de la Hoëgne au 17eme siècle ainsi que les pratiques agro-pastorales, où l’on menait paître les animaux dans les bois, ont contribué à faire disparaître notre grande forêt de feuillus du Moyen Age. Seules des landes et des fagnes constituaient l’essentiel du versant Sud de la commune.

Encouragée par l’Etat à reboiser, la ville y plante dès 1870 des épicéas originaires d’Allemagne. La forêt se transforme en une monoculture de conifères, qui malheureusement transforme le sol en un désert écologique. Vous constaterez vous-même que très peu de plantes poussent en dessous des bois de « sapins ». Notons encore que la commune de Spa a vendu ses bois à l’Etat au début du siècle pour financer la construction du casino et l’aménagement de la ville. Heureusement, le pouvoir communal de l’époque a eu la sagesse de garder la propriété des sources.

La forêt spadoise est indispensable car elle permet la production d’air et d’eau (pour Spa-Monopole notamment). Elle fournit du bois de qualité et du bois de chauffage. Elle est aussi un endroit de loisir, le tourisme nature est très important chez nous. La forêt est utilisée par des acteurs qui peuvent avoir des intérêts, des perceptions différentes de sa gestion : propriétaires des bois, écologistes, promeneurs, administrations, chasseurs, marchands de bois. M. Stein insiste sur la nécessité, pour conserver la biodiversité de la forêt, d’inviter ces différents acteurs à se rencontrer, s’écouter, à participer à l’élaboration des plans de gestion de la forêt. Une structure au niveau communal permettrait cette rencontre, il s’agit du Plan Communal de Développement de la Nature. Il sera nécessaire de créer cet organisme à Spa.

Le bois de la Géronstère (Photo @Bernard Meeus – http://bernardmeeus.wordpress.com/)

Le bois de la Géronstère
(Photo @Bernard Meeus – http://bernardmeeus.wordpress.com/)

De nombreux sujets ont été abordés. A propos de la chasse, certains voudraient que la gestion des cervidés (devant être prise en charge par l’homme car il n’y a plus de prédateurs) soit confiée à des personnes de l’administration et non à des chasseurs. On éviterait ainsi certaines pratiques de chasse qui provoquent beaucoup d’anxiété chez les animaux et le nourrissage des animaux. Ce nourrissage n’est plus pratiqué dans les forêts de l’Etat mais encore dans les bois privés. Il est effectué pour maintenir le gibier sur les terres du propriétaire mais a pour conséquence de rendre celui-ci moins sauvage et d’entraîner une surpopulation des sangliers qui provoquent alors des dégâts dans les cultures.

En ce qui concerne la maladie qui a attaqué les hêtres il y a quelques années, nos bois semblent avoir été épargnés. Ce sont surtout les arbres âgés qui ont été affaiblis puis attaqués par un insecte dont la larve se nourrit du bois (les scolytes). La cause de cet affaiblissement est probablement dû à une succession sur un court moment d’un temps chaud qui a provoqué la montée de la sève dans les arbres, suivi de températures négatives qui l’ont gelée. La cause étant ponctuelle, le problème s’est arrêté de lui-même mais dans certaines régions les dégâts ont été importants.

L’objectif actuel est de gérer la forêt spadoise de façon durable. Il s’agit d’inscrire cette action dans les projets européens de lutte contre la perte de la biodiversité. Pour ce faire, des mesures concrètes sont prises : maintien de deux arbres morts par hectare, création de sites Natura 2000, restauration de sites d’un grand intérêt biologique. Un projet vise ainsi à restaurer les fagnes (fagnes James, Jehin) sur les crêtes allant de la fagne wallonne aux fagnes de la Baraque Fraiture.

Bien entendu, la forêt spadoise n’est pas à l’abri des grands problèmes que l’on rencontre dans le monde entier; perte de la biodiversité, exploitation économique intensive et à court terme. La création d’un Parc Naturel du Pays des Sources regroupant les communes de Spa, Theux, Stoumont et Stavelot pourrait être un moyen de répondre à ces enjeux décisifs.

Pol Jehin


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