Winamplanche

Le village de Winamplanche vu de la route menant à La Reid (carte postale)

Le village de Winamplanche vu de la route menant à La Reid (carte postale)

Winamplanche est un charmant petit village situé à trois quarts de lieue de Spa dans la vallée encaissée du ruisseau de l’Eau Rouge appelé également ruisseau de Winamplanche. Ce ruisseau marque la limite entre les communes de Spa et de La Reid (fusionnée avec Theux en 1977). Jusque la fin de l’Ancien Régime, il indiquait la limite des bans de Spa et de Theux ; il marquait au 11e siècle la séparation entre les paroisses de Sart et de Theux lors du premier démembrement de la paroisse de Theux.

Le hameau de Winamplanche (altitude 252 mètres à l’église) pourrait avoir vu le jour au 10e siècle. Aux 15e et 16e siècles, il était habité par des bucherons et des forgerons. En 1576, il comptait 21 maisons. En 1654, un moulin à farine, dépendant de celui de Spa, y fut construit ; il fonctionnait encore au 20e siècle, le dernier meunier s’appelait Louis Lejeune. En 1714, la première messe fut célébrée dans la chapelle nouvellement construite. Un recensement, réalisé en 1837, établissait l’existence de 27 maisons, 25 familles et 122 habitants. L’église actuelle fut achevée en 1859. Au milieu du 19e siècle, à côté du pont sur l’Eau Rouge se trouvait la seule source d’eau potable du village (le pont qui existait à l’époque de la chapelle fut reconstruit en 1867). Au début du 20e siècle, le village était principalement habité par des agriculteurs ; après la Grande Guerre, ils s’associeront pour fonder une laiterie coopérative qui fermera ses portes en 1949. C’est en 1926 que l’électricité arrive au village.

En 1977, la fusion des communes ne permit pas, malgré le souhait des villageois exprimé via un référendum (plus de 78% des Winamplanchois souhaitaient être
rattachés à Spa), de réaliser l’unification du village au sein d’une même commune. De nos jours, Winamplanche est devenu essentiellement résidentiel, il n’y a plus qu’un seul agriculteur. Deux entreprises ainsi que quelques artisans complètent le tissu économique du village.
Winamplanche (en wallon, è l’Winamplantche), village situé le long de la route Marteau-Stoumont (construite en 1848), plus précisément entre le carrefour formé par la route précitée avec le chemin de Spa via la Fagne Raquet (réalisé en 1843) et le carrefour formé par la dite route avec le chemin de La Reid via le Haftay (construit en 1870).

Village de Ruine en planche, extrait carte Ferraris 1777 (Institut Géographique National – site internet : www.ign.be)

Village de Ruine en planche, extrait carte Ferraris 1777
(Institut Géographique National – site internet : www.ign.be)

En analysant la carte du comte de Ferraris, considérée comme fiable pour l’époque, on se rend compte qu’il y a au village de « Ruine en planche » ( !) environ une trentaine de maisons en cette fin de 18e siècle.

L’orthographe du nom a également varié au fil du temps. En 1396, on trouve « Wynanplanche », la carte de Sylvain Boullin réalisée en 1610 parle de « Winaplance », la carte du R.P. Nicolas Le Clerc de 1730 mentionne « Winand Planche », la carte Friex de 1744 indique « Vinemplanche » et sur la carte de Gérard et Vandermaelen datant de 1833 « Winamplanche ». Les habitants du village de Winamplanche sont surnommés « les cawais (cawês) ». Pourquoi ?

Les forges de Winamplanche :

Aux 15e et 16e siècles, il y a eu dans la région une activité métallurgique liée à la présence de nombreuses minettes de fer. A Winamplanche, des fourneaux, marteaux et forges existaient le long de l’Eau Rouge. Leur utilisation fut toutefois éphémère.

    Voici les plus connus :

  • Le fourneau de Tolifaz est cité en 1519 (viel fornea de Tolifault), cela laisse supposer que sa création est antérieure à cette date. Il se situait aux environs du lieu-dit « Fond Crasse ».
  • Il est fait mention du fourneau Boyon en 1498 (forneau Boyon) et 1539, puis les activités du fourneau cessèrent. Il se trouvait, semble-t-il, non loin du lieu-dit « pré au fourneau (l’hé dè fornay)».
  • Le fourneau Wathelet, qui était situé non loin de l’église actuelle, est cité pour la première fois en 1477 (forneau Wauthelet), il cessa ses activités vers 1530.
  • Un peu avant le village le long de la route venant de Marteau se trouvaient la forge et le fourneau dits Jehanchon. Il est cité pour la 1ère fois en 1485, puis en 1513.
  • A côté du fourneau précité fut construit un nouveau marteau, appelé Neu Marteau. Il est antérieur à 1498 (Nou Marteau) et cité pour la dernière fois en 1577.
  • D’autres établissements sont aussi mentionnés dans diverses archives : « le viel fourneau alle Winanplanche » (cité en 1459) ; « le viez marteau » (cité en 1516) ; la forge et le marteau « Johan Coenechon » (cités en 1493) ; « le deseurtrain fornea » de Winamplanche (cité en 1585).
    Une clouterie semble avoir existé fin du 16e siècle !
  • Dans le courant du 20e siècle, des scories ont été trouvées à plusieurs endroits : au lieu-dit « Al Fôdje’ » (près de l’école), au lieu-dit « L’Hé dè fornay » (prairie de François Palla), non loin de la laiterie (jardins de Louis Chalsèche et François Palla), dans le jardin de Marcel Gernay, …

L’église et le presbytère de Winamplanche (carte postale)

L’église et le presbytère de Winamplanche (carte postale)

La paroisse
 
En 1710, les habitants de Winamplanche sont autorisés à construire une chapelle. Sa construction se termine en 1714, mais elle ne sera consacrée qu’en 1729. Elle occupait une partie du jardin actuel du presbytère. La paroisse de Winamplanche est érigée en juillet 1842.
Elle couvre Winamplanche, Marteau, Haftay, Vieux Pré et Sur le Thier. La nouvelle cure dépend de 3 communes : La Reid, Spa et Theux. Dès son arrivée, en 1843, dans sa nouvelle paroisse, le curé Chevolet se rend compte de la vétusté de la chapelle primitive. Il mettra alors tout en œuvre pour obtenir un nouvel édifice. Néanmoins, il faudra attendre 1854 pour que le Conseil de Fabrique approuve les plans de la nouvelle église établis par l’architecte Delsaux. La construction est adjugée en 1857 à l’entrepreneur Jacques Monville habitant Sur le Thier. C’est en décembre 1859 que le nouvel édifice est béni. Il est placé sous le patronage de Saint André. L’église, tout comme la chapelle primitive, sera équipée de 2 cloches. Le cimetière actuel, situé au lieu-dit « La Croix Glaude » date de 1844. Jadis, des personnes venaient à Winamplanche prier le saint paroissial pour qu’il protège leur famille de la coqueluche.

Noms des desservants :

André Quirini Miner de 1715 à 1740 (1er vicaire, originaire de Fagne – Maron.
Il fut suivi par 20 autres vicaires avant l’arrivée du 1er curé), Pierre Joseph Chevolet de 1843 à 1862 (le premier curé),
Gilles Hubert Lacrosse de 1862 à 1870,
Henri Jupsin de 1870 à 1879,
Léopold Colleye de 1879 à 1883,
Alexandre Magis de 1884 à 1890,
Ad. Schmitz de 1891 à 1895,
Frédéric Martin de 1895 à 1908 (fondateur de la Société Sainte Cécile),
Armand Schomus de 1908 à 1911,
Alfred Corman de 1911 à 1926,
Arthur Englebert de 1926 à 1952,
Marcel Désiron de 1952 à 1956 (auteur d’un ouvrage sur la paroisse),
Jean Cabay de 1961 à 1969 (curé de Desnié et Winamplanche),
Le père Benoît de 1969 à octobre 1974,
Henri Rost de janvier 1975 à avril 2004 (né aux Pays-Bas – curé des paroisses de Winamplanche, Desnié et La Reid),
de nos jours Floribert Kaleng Kakez (curé des paroisses de Spa, Creppe et Winamplanche)

L’école

Avant 1843, date de création d’une école suite à une pétition des habitants, les petits Winamplanchois devaient se rendre à La Reid, à Desnié ou à Spa. A partir de cette date, la classe eut pour local une chambre d’une habitation privée (chez Hubert Marin-Monville). En 1883, la première école fut construite au lieu-dit « Al Fôdje’ », mais elle se détériora assez vite ce qui entraina sa démolition et son remplacement en 1912 par le bâtiment situé à l’entrée du village en venant de Marteau. En 1974, suite au manque d’élèves, l’école ferma ses portes. En 1977, les bâtiments sont vendus à Monsieur Jean-Claude Cornet.

Liste des instituteurs :

Jean F. Lessaint, Jean J. Lessaint, Xhenseval, Joseph Fraiture, Renkin, Félix Kreutz, Marcel Pottier, Alphonse Doyen (de 1922 à 1954), Paul Dandrifosse, Francis Bodeux, Mme Julia Lejeune-Doyen, Joseph Toussaint, Paul Allard, Remacle, Mme Renard, Jacquy Evrard.

La tragédie du dimanche 10 septembre 1944 (récit de M Doyen, instituteur en 1944)

« Vers 10 heures du matin, alors que la plupart des villageois avaient rallié Marteau pour saluer les premiers tanks américains et ignorant qu’il restait des allemands à l’arrière, ces mêmes braves cœurs s’en regagnèrent leurs demeures avec l’idée bien louable de les pavoiser. Mais à peine rentrés, quelle ne fut pas leur surprise de voir apparaître les avant-gardes allemandes. Contraste ! Mouvement de rage chez les allemands ! Arrestation d’otages, enfermés sous bonne garde dans l’étable de la ferme Mathias, premiers coups de feu sans raison, premières flammes s’élevant des fermes incendiées. C’est la panique, les villageois fuient affolés, abandonnant tout. La fusillade crépite. Des morts… du sang … quelques braves paieront de leur vie … les deux Beckers, résistants de la première heure, tombent face à leur demeure sous les yeux de leur épouse et mère atterrée ; le père Xhrouet et Rixhon, de la brigade de gendarmerie de Spa, tomberont à Fond Crasse, repérés par les allemands en position à Fagne Maron. Un autre jeune, José Job, s’en est tiré avec la cuisse perforée, il a frôlé la mort de bien près ! Le village brûle ! 12 fermes sont incendiées, la panique est indescriptible ; les heures ont passé, il est six heures du soir, la pénombre apparaît, les villageois regagnent leur village ; ils apprendront leur triste sort des veuves, des orphelins, des sinistrés, des sans-logis, car la colonne allemande a rebroussé chemin vers Stoumont. Triste journée marquante dans les annales d’un paisible village de 40 feux. »

Sur la  droite, une ferme datant du milieu du 18e siècle (carte postale) Lors de l’inondation d’août 1969, l’eau arrivait au niveau du seuil de la porte d’entrée

Sur la droite, une ferme datant du milieu du 18e siècle (carte postale)
Lors de l’inondation d’août 1969, l’eau arrivait au niveau du seuil de la porte d’entrée

L’inondation du mercredi 20 août 1969 

Le mercredi 20 août 1969, un très gros orage s’abat sur la région. L’Eau Rouge, gonflé par les pluies diluviennes, véhicule de nombreuses branches et des petits troncs d’arbres. Ceux-ci se sont accrochés au pont le transformant en barrage forçant ainsi l’eau à passer sur la route. Le ruisseau du Trou du Pouhon, gonflé à son tour, dévala la route depuis la Croix Kinet. Jamais le village n’avait connu des inondations d’une telle ampleur.

La Société Sainte Cécile et l’Association Villageoise de Winamplanche-Marteau :

Fondée en 1895, par l’abbé Martin, le 7e curé de la paroisse, « la Société Sainte Cécile » avait pour but le chant à l’église ainsi que l’amusement, l’édification et le perfectionnement de la jeunesse. Pendant des années, elle organisa des messes en musique, des pièces en wallon jouées par les habitants du village et elle participa à des cortèges folkloriques, dont la « bataille des fleurs » à Spa, accompagnée de sa fanfare. La société cessa d’exister vers 1965.
En 1983, « l’Association Villageoise de Winamplanche-Marteau » est créée pour rendre vie au village. Elle organise chaque année plusieurs activités : le grand feu pour chasser l’hiver, une chasse aux œufs à Pâques, la kermesse du mois d’août, la Saint Nicolas, les illuminations des fêtes de fin d’année et bien d’autres manifestations. L’association, présidée par Véronique Wyaime, compte dans son comité 12 membres. Entre 1965 et 1975, période pendant laquelle ils ont tenu le café-épicerie et la salle du village, les époux André Lambertz-Jamar (aidés par des bénévoles) ont organisé, dans leurs locaux, diverses manifestations festives.

L’épicerie de Lucie Detiste située au lieu-dit « le Fagnou » (carte postale)

L’épicerie de Lucie Detiste située au lieu-dit « le Fagnou » (carte postale)

Les commerces 

Si de nos jours, il n’y a plus aucuns commerces à Winamplanche, ce ne fut pas toujours le cas. Au siècle dernier, on peut citer : l’atelier de vélos et épicerie Bekers (jusque 1944), l’épicerie Detiste-Lessaint (jusque 1965), l’épicerie Georgin (jusque 1955), l’épicerie Mimie Marin (jusque 1990), l’épicerie (avec café et salle de spectacles) Lambertz (de 1939 à 1975), le café (avec salle de spectacles) Modeste Marin (jusque 1944), la boucherie (avec café) Emile Depairon (jusque 1970), le magasin de vélos de marque Bury tenu par Marcel Gernay (par la suite garage agricole Deutz à côté de l’église jusque 1980), le café Préale.

Jean Lecampinaire

Sources :
L’Histoire et la Vie de Winamplanche et Marteau du 20e siècle à nos jours (C. Massart – 1988)
La Métallurgie au pays de Franchimont II.
Winamplanche et Marteau (P. Den Dooven – 1980)
La Reid (A. Vlecken)
Histoire de la paroisse de Winamplanche (M. Désiron – 1956)
Atlas toponymique de l’ancien ban de Theux (J. Otten)
Madame Denise Evrard Monsieur et Madame André Lambertz-Jamar
Messieurs Raymond Archambeau,
Lucien Brodure et Nollwenn Lepièce


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