Les zones humides du ru de Chawion : un milieu naturel à protéger

Messieurs Crahay du service pêche à la région Wallonne, Herman, spécialiste de nos rivières et des écrevisses et Guilleaume, guide nature, ont répondu aux questions du public sur l’état des zones humides dans la vallée du ru de Chawion.

Les zones humides sont très riches car elles abritent des espèces végétales et animales spécifiques. Il s’agit de prairies semi-naturelles qui ont été exploitées durant plusieurs siècles. Elles étaient fauchées et procuraient un foin de bonne qualité grâce aux alluvions apportées au sol qui était régulièrement inondé.

Cette pratique a été abandonnée dans les années 1950, car l’utilisation des engrais a amélioré fortement la production dans les prés. Dès lors, ces prairies éloignées, difficiles à faucher avec des machines n’eurent plus d’intérêt.
Depuis cette date, les prairies humides du ru de Chawion n’ont plus été entretenues, certaines ont été plantées de frênes (1958) ou enrésinées. Elles ont dès lors perdu leurs caractéristiques spécifiques, la végétation s’est appauvrie. En termes de biodiversité, ce sont de véritables réservoirs : milieux très riches, les zones humides sont un habitat naturel prisé par de nombreuses espèces directement inféodées à ce type de milieu.
Ainsi, le colchique qui peuplait en nombre ces endroits et fleurissait en octobre est devenu assez rare. D’autres plantes telles la bistorte, la berce-angélique attirent beaucoup d’insectes. C’est donc à une diminution de la qualité biologique de cette partie de la forêt du Staneux à laquelle on assiste bien que par arrêté ministériel du 2 septembre 1991, sont constitués en réserve naturelle domaniale du Ru de Chawion les 1 ha 34 a 51 ca de terrains appartenant à la Région Wallonne.

Pourtant, en reprenant une gestion régulière du lieu (fauchage et débroussaillage), on peut en quelques années redonner au lieu toute sa richesse. C’est ce qui a été fait par Natagora dans la vallée de l’Olef. Ceci serait d’autant plus intéressant que les eaux du ru de Chawion sont de très bonne qualité. M. Herman précise que les études menées pour analyser l’eau à partir de la présence de petits animaux ont montré que les eaux du ru de Chawion étaient d’excellente qualité. Cette qualité a encore été améliorée grâce au déboisement qui a été effectué aux abords du ruisseau. En effet, la présence de résineux le long des ruisseaux induit une certaine acidité de l’eau, augmente l’obscurité et donc diminue la photosynthèse.
Quelques menaces pèsent cependant sur le ruisseau : le dépôt de sel du MET, un projet de pisciculture à Arbespine et le rejet des eaux usées des maisons de ce hameau, de même que les engrais étendus sur les prairies proches du golf.
Malheureusement, un autre danger guette une espèce particulièrement intéressante et en régression partout en Wallonie. Il s’agit des écrevisses à pied rouge, espèce de notre région qui est très présente dans l’étang du ru de Chawion. Ce danger est constitué par une autre espèce d’écrevisse (l’écrevisse américaine) introduite en Europe vers 1880 et dans le Wayai vers 1979 et qui remonte actuellement le ru de Chawion. Les écrevisses américaines sont au pied de l’étang. M. Herman a constaté que cette espèce porte une maladie à laquelle elle est résistante mais qui tue en quelques mois toute la population des écrevisses autochtones. Tous les efforts qui ont été entrepris pour développer les populations d’écrevisses à pied rouge dans le ru de Chawion sont sur le point d’être anéantis. La lutte contre les espèces invasives, telles la renouée du Japon, la berce du Caucase, sera certainement un défi à relever dans les prochaines années.
Que faire pour redonner à nos prairies humides la richesse d’antan : nettoyer, débroussailler, sensibiliser les propriétaires privés et inviter la Région Wallonne à être un moteur dans la restauration des prairies humides du ru de Chawion.

Ecrevisse à pieds rouges (Astacus astacus)
ecrevisse
Cette écrevisse est la seule espèce indigène de Wallonie. Sa taille varie de 12 à 15 cm pour un poids allant de 50 à 150 g. La carapace a une couleur brun foncé (parfois bleuâtre). Les pinces sont larges, massives et de couleur rouge en face ventrale.
Les écrevisses à pieds rouges sont omnivores. Elles consomment régulièrement des matières végétales et animales (mollusques, vers, larves d’insectes, poissons, têtards ou jeunes grenouilles…) Le régime alimentaire des écrevisses évolue avec l’âge. Alors que les jeunes écrevisses ont plutôt tendance à avoir un régime carnivore, les individus plus âgés ont une préférence marquée pour les matières végétales.

Une écrevisse géante disparaît !

Un ambitieux projet de réintroduction de l’écrevisse à pieds rouges avait été lancé à Theux il y a plusieurs années. Theux était la capitale wallonne de l’écrevisse qui est considéré comme un mets de choix L’objectif était d’envisager sa commercialisation. Ce projet a été abandonné par les autorités communales et la statue de l’écrevisse, qui ornait le rond-point à l’entrée de Theux, a été enlevée.


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