Les instituteurs nivezétois

Si Jean-Joseph Daubois fut, vers 1840, le premier instituteur de Nivezé et si Jean-Baptiste Romain fut le plus célèbre, car il a laissé son nom à la rue où se situe l’école, d’autres responsables de l’école nivezétoise ont également marqué la vie du village, il s’agit de : Messieurs Julien Bodeux, Henri Tefnin et Jean Micha.

Document des Archives communales spadoises. En décembre 1851, l’école privée du sieur Daubois au village de Nivezé a été adoptée par la commune de Spa.

Document des Archives communales spadoises. En décembre 1851, l’école privée du sieur Daubois au village de Nivezé a été adoptée par la commune de Spa.


Jean-Joseph Daubois, le premier instituteur

Jean-Joseph Daubois, un instituteur privé, est le premier instituteur du village de Nivezé. Il enseigne aux « petits Campinaires » de +/-1840 jusqu’en novembre 1857, date à laquelle il quitte le village sans laisser d’adresse alors que son école privée a été reconnue et adoptée par les communes de Spa et de Sart dès 1851.

Jean-Baptiste Romain, l’instituteur progressiste

Jean-Baptiste Romain est né à Upigny, dans le namurois, le 11 novembre 1852. Il est le fils de Denis Joseph Romain et de Catherine Liégeois. Le 26 août 1878, il épouse, à Spa, Marie-Louise Xhrouet. Ils auront une fille : Marie-Estelle. L’instituteur Romain arrive à l’école communale de Nivezé en mai 1878. Son épouse l’aidera dans sa mission et sera dès mars 1881 maîtresse de couture.

1899 : MM. Romain et Bodeux avec les petits Nivezétois (photo collection A. Delvoye) ?   , Joseph Jérôme, Mathieu Leroy, Antoine Pironet,   ? ?   ,   ?   ,   ?   , Fernand Jérôme, Léon Michel ?   ,   ?   ,   ?   , Henri Jérôme,   ?   , Joseph Debossine ?   ,   ?   ,   ?   , Ernest Gernay, Arthur Michel, René Jérôme,   ? Henri Pironet, Joseph Delvoye,    ?   , Joseph Gilson, Etienne Borguet,   ? Henri Michel, Marcel Pironet

1899 : MM. Romain et Bodeux avec les petits Nivezétois (photo collection A. Delvoye)


Durant toute sa vie professionnelle, Jean-Baptiste Romain luttera pour améliorer l’enseignement et l’infrastructure de l’école de Nivezé. Son enseignement est réputé dans toute la région, ses élèves remportent régulièrement des distinctions aux concours primaires et cela se répercute dans la fréquentation de l’école. En 1891, il y a 63 élèves sur les bancs nivezétois, si bien que 2 ans plus tard, un sous-instituteur arrive en renfort. En 1904, la Ville de Spa, qui, depuis 1851, gère administrativement l’école de Nivezé bien que les frais de fonctionnement soient partagés avec la commune de Sart au prorata du nombre d’élèves, le nomme Inspecteur des écoles communales. Il restera néanmoins en poste à Nivezé jusqu’en 1907, l’année de son départ à la retraite. Jean-Baptiste Romain décède, à Spa, le 5 décembre 1910 à l’âge de 58 ans.

1909 : M. Bodeux et Melle Fléron avec leurs élèves (photo) Parmi ceux-ci : Hélène Gernay et Maria Jérôme (2e rang) et Alice Torfs (4e rang)

1909 : M. Bodeux et Melle Fléron avec leurs élèves (photo)
Parmi ceux-ci : Hélène Gernay et Maria Jérôme (2e rang) et Alice Torfs (4e rang)

Julien Bodeux, l’instituteur mélomane

Julien Henri Joseph Bodeux est né à Stoumont le 3 février 1872. Il est le fils de Jean Bodeux et de Jeanne Legrand. Le 10 avril 1901, il épouse, à Spa, Marie-Estelle Romain, la fille de l’instituteur Jean-Baptiste Romain et de Louise Xhrouet. Ils auront deux fils : André et Denis et une fille : Laure.

Monsieur Bodeux arrive à l’école communale de Nivezé en 1896. Cette année-là, l’établissement accueille 87 enfants. Il est désigné pour s’occuper des élèves fréquentant les trois premières années et devient chef d’école en 1907, au départ à la retraite de son beau-père. L’instituteur Bodeux enseigne d’une façon très différente de Jean-Baptiste Romain ; cette façon d’enseigner déplait à de nombreux Nivezétois, si bien qu’au fil du temps ceux-ci inscriront leur progéniture dans les écoles environnantes de : Spa, Tiège et Sart. Lorsque Monsieur Bodeux termine sa carrière en 1927, il ne restait que 11 élèves, parmi ceux-ci : Albert Evrard et Albert Blaise. Julien Bodeux décède le 20 novembre 1959.

Anecdote : A la grande joie de ses élèves, Julien Bodeux, musicien averti, délaissait volontiers les matières de base pour des leçons de musique au cours desquelles il jouait fréquemment du violon.

Henri Tefnin, l’instituteur prisonnier

1938 : les garçons de la classe de Monsieur Tefnin (photo collec. Georgette Gernay) ?   ,   ? Pierre Tefnin, Raymond Jérôme, Gérard Jérôme,   ?  , Arthur Michel, Ivan Gernay,   ? ?   , Jean-Jacques Tefnin, Georges Cécius

1938 : les garçons de la classe de Monsieur Tefnin (photo collec. Georgette Gernay)


Henri Jean Lucien Julien Tefnin est né à Spa le 24 février 1901. Il est le fils de l’ébéniste Charles Tefnin et d’Hélène Dachouffe. Le 6 septembre 1927, il épouse, à Spa, Jeanne Tombeur. Ils auront deux fils : Pierre et Jean-Jacques.
Monsieur Tefnin est nommé à l’école communale de Nivezé en 1927. Il s’intègre très vite à la vie locale et de nombreux enfants partis dans les écoles voisines reviennent rapidement à l’école du village. En 1929, son épouse, Jeanne Tombeur, est désignée comme institutrice pour le seconder ; plus de 50 élèves fréquentent les classes.

En 1930, l’accroissement du nombre d’élèves et l’évolution de l’enseignement provoquent l’agrandissement de l’école ; le mobilier est entièrement renouvelé. Deux ans plus tard, Henri Tefnin crée une section jeunesse à la bibliothèque de l’école.

1955 : Salle l’Aurore à Nivezé, fête à l’occasion du départ à la retraite de M. et Mme Tefnin (photo collection Angèle Delvoye) Debout : Angèle Delvoye, Louis Jérôme, Emile Maréchal, Arthur Michel, Paul Jérôme Assis :    ?   ,    ?   , Emile Collin , Henri Tefnin, Jeanne Tombeur, …..Dutilleux

1955 : Salle l’Aurore à Nivezé, fête à l’occasion du départ à la retraite de M. et Mme Tefnin (photo collection Angèle Delvoye)


Durant la Seconde Guerre, le lieutenant Henri Tefnin, comme beaucoup de soldats belges, est prisonnier en Allemagne. Il est retenu en Bavière, plus précisément à Eichstätt, dans un camp pour officiers, au bloc 3 de l’Oflag VII B.

Monsieur Tefnin s’est fort impliqué dans la vie associative du village. Il est le fondateur de la société d’agrément « L’Aurore », qui avec sa troupe de théâtre wallon, a diverti les « Campinaires » de 1928 jusqu’au début des années 1960. M. et Mme Tefnin terminent leur carrière en 1955, ils quittent Nivezé pour habiter leur maison de Préfayhai et profiter de leur retraite. Néanmoins, Henri Tefnin ne coupe pas définitivement les ponts avec le village, il est souvent présent lors des manifestations de l’association du Denier Scolaire. M. Tefnin décède à Stoumont le 7 mai 1986.

Jean Micha, l’instituteur footballeur

1965 : Classe de Monsieur Micha (photo collection Ivan Gernay) M. Compère, Ma. Michel, M. Dambourg, N. Godart, D. Paquay, D. Fiolle, E. Jérôme, M. Bourguet, G. Williquet C. Gernay, C. Nondonfaz, D. Pottier, J. Dumont, A. Jérôme, Mo Michel, A. Servais A. Adam, A. Verlaine, J. Williquet, E. Collard-Bovy, A. Micha, D. Hans

1965 : Classe de Monsieur Micha (photo collection Ivan Gernay)


Jean Micha est né à Spa le 16 mars 1921. Il est le fils de l’architecte Jules Micha et de Thérèse Faymonville. En 1944, à Spa, le 21 octobre, il épouse Annette Harion avec laquelle il aura deux filles : Lisiane et Marie. Le 26 février 1953, il épouse en secondes noces Denise Compère ; ils auront trois fils : Alain, Claude et Serge.

C’est en 1955, qu’il arrive à Nivezé, il était précédemment en poste à Robertville. Il a été choisi pour succéder à Monsieur Tefnin comme instituteur en chef ; Mesdemoiselles Francine Hurdebise (1ère, 2e et 3e année) et Marie-Thérèse Jérôme (classes maternelles) le secondent dans sa mission.
A la fin des années 50, l’école de Nivezé fait recette, tant et si bien que les locaux manquent. En 1959, 1962 et 1963, une classe (1e et 2e année) se tient chez un particulier du village. Jean Micha se bat sans relâche pendant 5 ans pour que cette situation de précarité cesse. En 1964, un bâtiment préfabriqué, composé de 3 nouvelles classes et de sanitaires modernes, est construit.

En 1973, Monsieur Micha rencontre Monsieur Pidgeon, directeur d’une école de Saint Albans, près de Londres, venu en séjour à la Fraineuse avec ses élèves. C’est le début de nombreux contacts, puis d’un jumelage entre les deux écoles, dans le cadre des cours de langues.
En 1975, la Ville de Spa fusionne les écoles communales de Nivezé et de Creppe et confie à l’instituteur nivezétois la direction de la nouvelle entité scolaire.

Monsieur Micha est également l’initiateur du « Denier Scolaire » dont le but premier est le financement d’activités diverses liées à « son école » (fêtes de Noël organisées du milieu des années 50 jusqu’à la fin des années 60, remise de prix au mois de juin, excursions, …). Parmi les bénévoles ayant œuvré dans cette association ,on peut citer : Denise Jérôme, Suzanne Detaille, Henri Tefnin, Vincent Wuidart, Louis Jérôme, Jean-Claude Wuidart, Jules Collard, Roland Muls, … .

1970 : équipe des vétérans nivezétois  (photo collection Josette Counet) G. Gaspard, J. Quoidbach, F. Parotte, M. Michel, R. Michel,    ?   , J. Micha, P. Helman C. Herman, J. Moureau, V. Bastin, A. Counet, D. Counet

1970 : équipe des vétérans nivezétois (photo collection Josette Counet)


Mais, Jean Micha, c’est aussi un sportif, il est passionné par le football, sport qu’il pratique de nombreuses années en amateur. En 1965, avec André Counet et Charles Herman, il décide de former une équipe de vétérans dans le village. Le club nivezétois existe toujours et est affilié au « Royal Football Club Sart-lez-Spa ».
1979 : Salle l’Aurore à Nivezé, fête à l’occasion du départ à la retraite de Monsieur Micha (photo collection M.-T. Jérôme) Pascale Helman, Emile Jérôme, l’Abbé Georges Lespire, Denise Micha-Compère, Jean Micha

1979 : Salle l’Aurore à Nivezé, fête à l’occasion du départ à la retraite de Monsieur Micha (photo collection M.-T. Jérôme)


En 1979, Monsieur Micha est pensionné. Une page se tourne au village de Nivezé, il aura été le dernier instituteur à habiter l’appartement de fonction situé dans l’enceinte même de l’école. Les rapports entre les Nivezétois et l’école ne seront jamais plus les mêmes. Le village a perdu un de ses plus fervents représentants.

Jean Micha et son épouse quittent alors Nivezé pour leur résidence spadoise, afin de profiter d’une retraite bien méritée. Monsieur Micha décède, le 4 avril 2004.

Sources : Mademoiselle Marie-Thérèse Jérôme, Mesdames Josette Counet et Denise Jérôme Messieurs Paul Gernay et Vincent Wuidart, La Tribune de Spa du 23 septembre 1964 Mémorial de Spa du 11 décembre 1910 Rapports communaux spadois de 1852, 1858 et 1928 (Fonds Body).

Jean Lecampinaire


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