La Villa « Emmy »

La Villa Emmy ou Villa Warfaaz (peinture collection X. Coibion)

La Villa Emmy ou Villa Warfaaz (peinture collection X. Coibion)

La « Villa Emmy », enseignée par après « Villa Warfaaz », ressemble plus à un petit château qu’à une villa à cause de sa tour d’angle octogonale à gauche et son échauguette à droite ; ces deux éléments lui donnent un aspect plus noble.
Les plans de la villa ont été réalisés par l’architecte Destokay pour le compte de Monsieur et Madame Georges d’Artet-Godin domiciliés avenue Blonden à Liège. Elle a été construite en 1891 par l’entreprise Colette et Magis de Verviers, au lieu-dit « è vî Wèrfa », face au barrage du Wayai édifié à la même époque. Vers 1905, une extension a été ajoutée à côté de l’échauguette.
Villa Emmy ou Villa Warfaaz appelée également Château Warfaaz ou Château d’Artet

Villa Emmy ou Villa Warfaaz appelée également Château Warfaaz ou Château d’Artet


Ce petit château est de style dit sub-urbain ou traditionnel. Ce style se caractérise par l’utilisation de matériaux modernes et fonctionnels pour l’époque : béton, fonte, acier, verre. Son autre caractéristique est qu’il s’inspire d’autres styles : rustique, flamand, néo-gothique, néo-normand. La « Villa Emmy » avait été équipée d’un chauffage central par vapeur à basse pression, installé par l’ingénieur Iwan Joris de Hodimont-Verviers. Cette installation fonctionna jusqu’au début des années 80.
Georges Fréderic Joseph Auguste d’Artet de Neufmoustier (1861-1940), comte romain, docteur en sciences politiques et administratives, est industriel et administrateur dans de nombreuses sociétés. Son épouse, née Emma Godin (1865-1948), est la fille de puissants industriels papetiers hutois.
Armoiries de la famille d’Artet – Godin, visibles sur la façade ouest du château (photo G. Legros)  Devise : Agere et obloduentes despicere  (Bien faire et laisser dire)

Armoiries de la famille d’Artet – Godin, visibles sur la façade ouest du château (photo G. Legros) Devise : Agere et obloduentes despicere (Bien faire et laisser dire)


La « Villa Emmy », du prénom Emma de Madame d’Artet, est utilisée comme maison de campagne par cette famille de la bourgeoisie liégeoise. Monsieur et Madame Georges d’Artet-Godin ont 4 enfants : Paul, Georgina, Emma et Yvonne.

Vers 1900, Georges d’Artet loue une partie de ses terrains à la famille Merlan qui y façonne des briques. Sur sa propriété, on trouve également plusieurs sources minérales dont la source du Bricolet (altération du « Pré Colin ») appelée par certains auteurs fontaine de Nivezé ou Petit Tonnelet ; c’est une ancienne émergence de la source Marie-Henriette, qu’il exploite quelques années sous le nom de : Pouhon de Warfaaz-lez-Spa.
En 1907, il charge le docteur Achille Poskin de capter une source jaillissant à proximité du ruisseau le Soyeureux, pour les besoins d’une clinique médicale en projet, à l’usage des malades qui doivent suivre une cure à Spa. Cette source reçut le nom de : Pouhon Duc de Wellington.

La famille d’Artet-Godin en 1910 (photo collection X. Coibion) Le père : Georges d’Artet, Yvonne, la mère : Emma Godin, Georgina, Paul, Emma

La famille d’Artet-Godin en 1910 (photo collection X. Coibion)
Le père : Georges d’Artet, Yvonne, la mère : Emma Godin, Georgina, Paul, Emma


Au fil des années, Georges d’Artet agrandit sa propriété nivezétoise. A son décès, en juin 1940, il possède à Warfaaz, autour de sa villa, +/- 5 hectares de bois et de pâtures. Sa succession se règle difficilement, en témoignent de nombreuses lettres d’avocats présentes dans les archives de la villa. En novembre 1943, ses trois filles héritent de la propriété nivezétoise, son fils ayant renoncé à la succession. En août 1945, Yvonne, la benjamine, divorcée de Paul Thiry, cède sa part à ses deux aînées : Georgina, l’épouse du diamantaire Jules Müllejans et Emma, la veuve du chevalier Amédée de Lantremange. Cette dernière n’ayant pas d’enfant lègue, à son décès, sa part à l’ASBL « Evêché de Liège ». En août 1973, Georgina rachète la part de sa sœur Emma à l’association précitée et devient la seule propriétaire du bien.
En-tête des lettres de Georges d’Artet pour sa correspondance privée écrite à Nivezé (collection X. Coibion)

En-tête des lettres de Georges d’Artet pour sa correspondance privée écrite à Nivezé
(collection X. Coibion)


En 1977, au décès de Georgina, sa fille, Geneviève Müllejans, artiste peintre, épouse de Charles Prion, hérite de la propriété ; son fils, Georges Müllejans, militaire de carrière, étant décédé en mai 1940, à Eben Emael, lors de l’attaque du fort par les Allemands. Deux ans plus tard, les époux Prion-Müllejans vendent la « Villa Emmy » à Monsieur Xavier Coibion qui exploite en ses murs un commerce de meubles et literies sous l’enseigne « Warfaaz-Meubles ».
Anecdote : Dans la région, Georges d’Artet était réputé pour être près de ses sous, parce qu’à la fin de la Grande Guerre, les Nivezétois avaient appris, qu’il avait, en 1915, osé verser 1 franc pour les prisonniers belges en Allemagne, alors qu’à l’époque il était déjà multimillionnaire.

Jean Lecampinaire


Remerciements à Monsieur X. Coibion pour l’accès aux archives de son château

Sources : L. Pironet : Architecture thermale : Spa 1981 L. Marcotte : Le vengeur Spa 1919 Topographie Médicale du Royaume – Liège – 1909 – A. Poskin

(carte postale collection M. Hans)


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