Des cormorans sur les berges du Wayai

Ginette Doyen nous signale qu’elle a l’occasion d’observer 5 cormorans dans les sapins situés au bord du Wayai avenue Reine Astrid. Le grand cormoran adulte est un oiseau assez imposant dont le plumage est noir. Le bec est légèrement crochu et très puissant. Les pattes et les doigts palmés sont noirs.

Jusque dans les années 1980, le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) séjournait rarement en Wallonie. Actuellement, la région est devenue un lieu d’hivernage pour de nombreux individus. Ils colonisent petit à petit les rivières; les voici donc installés à Spa. Un site (1) réalisé par Corinne Maréchal donne des informations très intéressantes sur le Cormoran. Nous en avons extrait quelques données.

L’installation des premiers hivernants a été observée dès 1990 dans la Basse Meuse. Leur nombre a rapidement augmenté les années suivantes mais seule la vallée de la Meuse était occupée régulièrement. L’hiver rude de 1996-1997 a entraîné un doublement temporaire du nombre d’oiseaux et leur arrivée sur de nouveaux sites. Leur nombre n’a cessé de croître par la suite, principalement grâce à la colonisation de nouveaux habitats tels les rivières, les étangs, les canaux. Les comptages de 2003-2004 semblent toutefois indiquer une tendance à la stabilisation des effectifs hivernaux en Wallonie. A l’heure actuelle, le nombre de Cormorans en région wallonne atteint près de 5.000 hivernants répartis sur une trentaine de dortoirs.

Migrations et cycle annuel en Wallonie

Le Grand Cormoran effectue des migrations entre les zones de nidification où il se reproduit et les zones d’hivernage où il profite de conditions climatiques plus clémentes. En Wallonie, les hivernants proviennent en majorité de Hollande, d’Allemagne, du Danemark et de Suède (pays abritant les principales zones de nidification) mais également de Norvège, de Finlande, d’Estonie, de Pologne, de la République tchèque, de France et même d’Ecosse. Leur arrivée dans nos contrées s’observe de septembre à décembre, voire plus tardivement lors de vagues de froid. Leur retour vers les lieux de reproduction s’étale de février à avril. De jeunes oiseaux restent tout l’été sur les sites d’hivernage (estivants). La Wallonie constitue également une halte pour de nombreux individus en migration.

Mode de vie en hivernage

En hivernage, le Grand Cormoran partage son temps entre trois endroits particuliers : le dortoir nocturne, les zones de pêche et les reposoirs diurnes. Les dortoirs sont des arbres situés au bord de l’eau où tous les oiseaux d’une zone ou d’une région se rassemblent pour passer la nuit. Ils sont occupés plus ou moins longtemps au cours de l’année, certains 12 mois sur 12. A l’aube, les oiseaux quittent leur dortoir pour rejoindre leurs zones de pêche en rivière, sur les lacs, dans les étangs. Elles peuvent être situées à 30 km de distance. Les oiseaux y pêchent en solitaire ou en groupe. Entre deux périodes de pêche ou avant de retourner au dortoir, ils se perchent en petits groupes sur les reposoirs (arbres, souches, perchoirs divers) pour se reposer, digérer, faire leur toilette.
On le voit aussi les ailes largement ouvertes en train de faire sécher son plumage. Cette pose aide probablement aussi à la digestion.

Régime alimentaire

Le Grand Cormoran se nourrit exclusivement de poisson. On estime habituellement à 400g la ration journalière d’un adulte. L’examen des pelotes de réjection récoltées en Meuse a montré notamment que le Cormoran se nourrit de presque toutes les espèces de poissons présentes dans le fleuve mais qu’il privilégie le gardon, le goujon, la perche, l’anguille et la grémille. Il consomme en général des proies de petites tailles (entre 5 et 20 cm) mais peut avaler des pièces plus grosses, une anguille par exemple.


Des relations difficiles avec les pêcheurs et les pisciculteurs

On considère que les conséquences de la prédation du Grand Cormoran sur les poissons des grands lacs sont négligeables. Par contre, des pertes importantes sont probables dans les rivières, et constitueraient une menace pour certaines populations locales de poissons (ombre ou truite par exemple). Enfin, on impute au Cormoran des pertes financières plus ou moins sévères dans les piscicultures, là où les blessures, les maladies et le stress infligés aux poissons s’additionnent aux prélèvements directs. La question des impacts du Cormoran sur les stocks piscicoles est toutefois loin d’être résolue car les dégâts sont souvent très difficiles à évaluer de façon précise et scientifique, surtout compte tenu de la diversité des situations rencontrées. Aussi le sujet reste-t-il à l’heure actuelle une source de vives discussions entre les ornithologues, les chercheurs, les pisciculteurs et les pêcheurs.

Pour protéger le poisson diverses mesures ont été imaginées : fils ou filets tendus au-dessus des bassins ou d’une partie de la rivière, canons effaroucheurs. Cependant, les oiseaux disposent de grandes facultés d’adaptation et apprennent à contourner les protections : ils réussissent à éviter les « barrières », s’habituent aux canons, acquièrent de nouveaux comportements de prédation, Cela étant, de nombreux pêcheurs et scientifiques reconnaissent que la meilleure manière de contrer la prédation par le Cormoran est de protéger la qualité de l’habitat par des mesures de restauration des berges, d’aménagement des frayères, d’amélioration de la qualité de l’eau, etc.

Une espèce protégée

En Wallonie, le Grand Cormoran est une espèce protégée dans le cadre du Décret Natura 2000 (Décret du 6 décembre 2001). Contrairement à de nombreux autres pays européens, la Wallonie n’a jusqu’à présent accordé aucune autorisation de tir de Cormorans sur son territoire. En revanche, elle fait partie des rares pays ou régions à octroyer des indemnités pour les pertes économiques causées par l’espèce et des subventions pour l’installation de moyens de prévention.

Une observation intéressante

La méthode de pêche du cormoran est particulièrement intéressante à observer. Il plonge pour capturer sa proie avec le bec, et il est capable de rester sous l’eau pendant plus d’une minute. Il nage sous l’eau afin de poursuivre sa proie, utilisant ses pattes palmées pour se propulser. Il est toujours surprenant d’observer cette technique, la durée de plongée paraît très longue et l’on ne sait jamais où l’oiseau va ressortir de l’eau. Il remonte le poisson à la surface afin de l’étourdir en le secouant et le lance en l’air pour le retourner avant de l’avaler.

Plus d’informations : http://biodiversite.wallonie.be/fr/phalacrocorax-carbo.html?IDD=50334063&IDC=309


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